Six premiers romans, venus de France et d’ailleurs, viennent d’être retenus pour le très attendu Prix du Premier Roman 2025. Entre quête intime, vertige existentiel et regards neufs sur le monde, cette sélection illustre la vitalité de la jeune création littéraire. Le lauréat sera révélé le 21 octobre à Paris.
Par Marwa Mourad
Chaque automne, le Prix du Premier Roman met en lumière de nouvelles voix littéraires, souvent promises à un brillant avenir. L’édition 2025, présidée par l’écrivain Charles Dantzig, réunit un jury d’auteurs confirmés tels que Pauline Dreyfus, Philippe Jaenada, Maylis de Kerangal et Mohamed Mbougar Sarr. Leur mission : distinguer un premier texte francophone et un premier roman étranger traduit en français.
Cette année, la sélection dévoile six titres où la fragilité humaine, le rapport à soi et la place de l’individu dans un monde incertain s’entrecroisent. Tour d’horizon des œuvres finalistes.
Les voix francophones
« L’âme de fond » – Julia Clavel (Éditions de l’Observatoire)
Psychologue hantée par la disparition inexpliquée de plusieurs de ses patients, Caroline voit sa propre vie chavirer. En mêlant l’analyse psychique au mystère, Julia Clavel compose un roman haletant sur la part d’ombre qui sommeille en chacun. Une plongée vertigineuse dans les profondeurs de l’esprit humain.
« Kong Junior » – Jean-Christophe Cavallin (Seuil)
Un héros au nom extravagant, Kong Junior, déambule dans un monde en décalage avec ses rêves. Entre fable contemporaine et conte philosophique, Cavallin signe un texte à la fois drôle et mélancolique sur la solitude et la quête de sens.
« Les certitudes » – Marie Semelin (JC Lattès)
Dans une écriture précise et lumineuse, Marie Semelin explore la fragilité de nos repères : politiques, amoureux ou moraux. Ses personnages, ballottés entre foi et doute, s’interrogent sur ce qu’il reste de solide quand tout vacille.
« Allô la Place » – Nassera Tamer (Verdier)
Roman polyphonique et poétique, Allô la Place fait résonner les voix de la rue, de la banlieue et de la mémoire collective. Nassera Tamer y donne corps aux existences anonymes, aux murmures de la vie quotidienne, aux silences qui pèsent et aux espoirs qui renaissent.
Les regards venus d’ailleurs
« Chez nous » – Phillip B. Williams (Robert Laffont)
Traduit de l’anglais par Charles Recoursé, ce texte interroge la notion même d’appartenance. Entre racines et errance, entre héritage et révolte, Williams met en scène des personnages à la recherche d’un lieu où être soi. Une méditation sur la maison intérieure et les fractures du monde.
« Digressions » – Rosalind Brown (Plon)
Sous la traduction sensible de Laurence Kiefer, Digressions déploie une écriture libre et subtile. Rosalind Brown y suit les pensées qui bifurquent, les destins qui se croisent sans se rejoindre, et les existences suspendues entre rêve et conscience.
Une génération en éveil
L’ensemble de ces premiers romans révèle un souffle commun : l’introspection, le besoin de comprendre l’époque et d’habiter le réel autrement. Ces nouvelles voix refusent la certitude, préfèrent le tremblement, et invitent à un dialogue entre lucidité et poésie.
Les lauréats — un pour la catégorie francophone et un pour la catégorie étrangère — seront annoncés le 21 octobre 2025, dans une cérémonie qui s’annonce riche en émotions littéraires.
Le Prix du Premier Roman, en célébrant la découverte et le risque créatif, continue de rappeler que toute grande œuvre commence par un premier pas, souvent fragile, mais toujours inspiré.





