Les bouffées de chaleur peuvent être accompagnées de montées de stress, que ce soit par manque de sommeil, ou parce que les températures extrêmes peuvent avoir une incidence sur votre cerveau. Suivez…
Irritabilité, mauvaise humeur, tonus proche du zéro, fatigue… Lorsquil fait chaud, notre santé mentale en prend un coup. En 2013, une étude californienne révélait quune simple hausse de 1°C par rapport à la normale saisonnière entraînait une hausse de 4 % des violences interpersonnelles (crimes, violences domestiques, meurtres, viols). Chaleur et agressivité, le couple infernal?
La fatigue et l’irritabilité

De manière générale, le froid et la chaleur ont une influence sur nos comportements. “Les variations de température ont un impact sur notre personnalité, nos émotions et la façon dont on les gère. La chaleur est souvent bien plus subie que le froid : le corps dépense beaucoup dénergie pour se rafraîchir. Résultat : en cas de forte chaleur, nous sommes fatigués, le sommeil est haché et les tâches quotidiennes semblent plus difficiles à réaliser”, confie le Dr Sabrina Phillipe, psychologue.
On la tous éprouvé : lorsque les températures sont (très) élevées, on rencontre généralement davantage de difficultés à sendormir. Conséquence, on devient plus irritable et/ou plus violent.
Par ailleurs, la perte deau, et plus particulièrement la perte de sel, fatigue également le corps, qui subit une chute de tension. Il faut donc compenser et ajouter un peu de sel à sa bouteille deau. Dans le même temps, les vaisseaux sont plus dilatés : le cœur envoie davantage de sang que dordinaire dans le reste des organes, et ce afin de refroidir notre organisme – tout est fait pour le maintenir à 37 ° C. Cest le processus de thermorégulation. Résultat, on a tendance à avoir des réactions plus impulsives : cest ce que lon appelle lagressivité inhabituelle.
Hausse de l’agressivité

Les variations climatiques ont une influence directe sur lagressivité et les conflits de toutes sortes.
Par ailleurs, plusieurs études ont suggéré une association entre la hausse des températures et de la criminalité dans plusieurs pays (Afrique du Sud, Finlande, Etats-Unis…).
Les hausses de températures peuvent avoir un impact sur notre mémoire et nos capacités dapprentissage. Les enfants plus affectés encore par la chaleur ont plus de mal à se concentrer en classe et à apprendre, comme sen inquiétait lUnicef dans une note datant de juillet 2023.
Comme le précise BFM-TV, une étude parue en 2020 dans lAmerican Economic Journal montre quà loccasion dun test qui précède lentrée à lUniversité (et qui concerne donc des milliers délèves), “Sans climatisation, une année scolaire plus chaude de 1°F (environ 0,5°C) réduit lapprentissage de 1%”.
Lécoanxiété
Face aux températures anormalement élevées, le phénomène déco-anxiété tend à augmenter. “Léco-anxiété est un mot qui a été choisi par de nombreux médias pour faire référence à toutes ces émotions difficiles à vivre quand on pense à la crise environnementale, certes, mais aussi à la crise sociétale” indique Isabelle Giraldo, éco-thérapeute et auteure du livre “Eco-anxiété, des clés pour agir” (éditions Solar). “Si cette anxiété est bien présente, on parle aussi de stress environnemental, déco colère ou encore déco deuil ; il ne sagit pourtant pas dun trouble anxieux. (…) Ce sont aussi des personnes ayant une sensibilité accrue, voire une hypersensibilité” poursuit Isabelle Giraldo.
Alors, léco-anxiété, bonne ou mauvaise chose ? Pour certains, léco-anxiété est synonyme dangoisse, de nuit blanche et empêche toutes actions pour le climat. Cependant, pour Alice Desbiolles, interrogé par ETX Studio, “cest un sentiment salvateur, car je parle dune éco-anxiété adaptative. Elle agit comme un déclencheur de la mise en mouvement des individus”.
La dépression saisonnière estivale
Non, la dépression saisonnière nest pas réservée à lautomne. Selon une étude publiée dans JAMA Psychiatry, les visites aux services durgence étaient généralement 8% plus élevées les jours chauds par rapport aux jours plus frais de lété. Une association entre la température ambiante élevée et les visites aux urgences pour des soucis de santé mentale (stress, anxiété, schizophrénie, troubles liés à lutilisation de substances…) a même été mise à jour.
Une autre étude de 2023 a révélé que les changements saisonniers peuvent interférer avec la chimie de notre cerveau, comme la production de sérotonine liée aux symptômes de la dépression.
Quelle attitude adopter au travail ?

En période de canicule, le site doctissimo présente certaines mesures peuvent contribuer à la réduction des risques, comme la déshydratation, la migraine ou le coup de chaleur :
Aménager ses horaires de travail en favorisant les heures les moins chaudes de la journée ;
Limiter son temps dexposition à la chaleur en effectuant des rotations avec dautres collègues ;
Augmenter la fréquence des pauses de récupération, dans des lieux frais ;
Limiter ou reporter son travail physique ;
Modifier, voire mécaniser certaines tâches ;
Prévoir des sources deau potable à proximité de son poste de travail ;
Eviter de travailler de manière isolée ;
Se former et sinformer sur les risques liés à la chaleur, les signes dalerte du coup de chaleur et les mesures de premier secours.