Les habits en Egypte sont le reflet d’une culture riche et vivante, mêlant traditions anciennes et tendances modernes. Que ce soit dans les villages du Nil ou les rues animées du Caire, l’habit égyptien raconte l’histoire d’un peuple en perpétuelle évolution, tout en restant profondément attaché à ses racines.Pays à l’histoire millénaire et carrefour de nombreuses civilisations, l’Egypte présente une diversité vestimentaire qui reflète à la fois son passé pharaonique, son patrimoine culturel et les influences contemporaines. Les vêtements égyptiens varient selon les régions, les générations, les classes sociales et les occasions.Les habits n’ont jamais été de simples vêtements destinés à couvrir le corps. Ils ont toujours été une expression de l’identité humaine, depuis que l’homme a su innover et choisir des tenues correspondant à ses goûts et traditions. D’un simple regard, il est souvent possible de deviner l’origine ou la culture d’une personne à travers sa tenue.C’est pourquoi chaque pays possède un costume traditionnel qui lui est propre. En Egypte, terre de beauté et d’identité, la préservation des habits traditionnels est un enjeu culturel important.L’identité visuelle est un élément essentiel de la construction de l’être humain – un axe que l’État a intégré à ses projets de développement. Car en formant un être humain, on construit une nation.C’est dans cette perspective que nous lançons l’initiative « Les habits de l’identité ». L’objectif est de valoriser une mode qui nous représente, et d’inciter les jeunes générations à en être fières. Chaque société possède sa propre dynamique, chaque environnement, son patrimoine qui mérite d’être célébré. Dans une société aussi joyeuse que l’Egypte, il est surprenant que certaines Égyptiennes portent des vêtements sombres, peu représentatifs de leur environnement. De même, les hommes devraient être fiers de revêtir leurs habits ancestraux. Assouan et la fierté des tenues traditionnellesPrenons l’exemple d’Assouan : on y trouve le gergar nubien, porté par les femmes. Ce mot vient de l’ancien nubien Ger-Go-Ar, signifiant « le transparent ». Il s’agit d’un voile ou d’une sur-robe noire, translucide, confectionnée en dentelle ou en tulle fin, décorée de motifs végétaux, d’étoiles, d’oiseaux ou de symboles triangulaires.Le gergar est réservé aux femmes mariées ; les jeunes filles ne le portent pas. Autrefois vêtement royal réservé aux reines nubiennes (comme Néfertari à Abou Simbel), il est aujourd’hui un puissant marqueur de l’identité culturelle nubienne.Chez les hommes, la galabeya en Haute-Egypte est un vêtement traditionnel emblématique. Profondément ancrée dans la culture saïdie (du Saïd, le sud du pays), cette robe longue et ample à manches longues incarne la simplicité, la modestie, l’élégance rurale et l’identité masculine régionale. Si elle est portée dans tout le pays, ses caractéristiques varient selon les régions, particulièrement dans le sud.Les femmes égyptiennes en Haute-Egypte portent des galabeyas, souvent plus décorées, avec des broderies raffinées ou des couleurs éclatantes. Dans des régions comme la Haute-Égypte ou le Sinaï, les femmes arborent aussi des robes traditionnelles brodées, accompagnées de voiles ou de foulards, parfois appelés tarha. En Egypte pharaoniqueL’Egypte ancienne fut l’une des premières civilisations à développer une véritable mode, tant pour les hommes que pour les femmes. Elle s’adaptait aux conditions climatiques – notamment à la chaleur – tout en reflétant le statut social et le rang de chacun. Les tenues ont évolué au fil des époques pharaoniques, que ce soit dans le choix des tissus ou dans leur mode de fabrication.Vêtements simples : les classes modestes portaient des robes ajustées appelées clapes, couvrant tout le corps.Vêtements élaborés : les classes supérieures portaient des robes aux motifs complexes, parfois enrichies de rubans ou de tissus transparents.Les reines : elles étaient vêtues de lin fin et agrémentées de bijoux luxueux, symboles de pouvoir et de prestige. La robe de Tarkhan : La plus ancienne au mondeLa robe de Tarkhan est considérée comme la plus ancienne robe connue de l’histoire humaine. D’après le chercheur et égyptologue Bassam Al-Chamaa, elle daterait d’environ 5 500 ans. Découverte dans une tombe de la région de Tarkhan, à une cinquantaine de kilomètres au sud du Caire, elle est aujourd’hui exposée au musée Petrie en Grande-Bretagne.Cette pièce exceptionnelle témoigne de la maîtrise du tissage du lin par les anciens Égyptiens. Sa confection fine et ses plis complexes révèlent une esthétique raffinée. On pense qu’elle fut portée par une jeune femme de la cour royale avant d’être placée dans une tombe en tant qu’offrande funéraire. Bien que sa partie inférieure ait disparu, on suppose qu’elle descendait jusqu’au sol, renforçant ainsi son élégance et son mystère. Cléopâtre : Entre style et stratégieCléopâtre, dernière souveraine de la dynastie ptolémaïque, était célèbre pour son sens du style et son habileté à utiliser la mode comme outil politique. Elle combinait des éléments de la mode égyptienne traditionnelle avec des influences grecques, incarnant ainsi une fusion culturelle unique. Ses vêtements somptueux, ses bijoux et son maquillage renforçaient son prestige, sa beauté et son autorité.Pour les reines égyptiennes, l’apparence vestimentaire n’était pas une simple coquetterie : elle était un moyen d’exprimer leur rôle, leur pouvoir et leur rang dans la société. Le Sinaï : Entre tradition et adaptationDans le Sinaï, les styles vestimentaires varient selon les communautés. Dans les villes, les hommes portent généralement des vêtements modernes comme des pantalons et des chemises, semblables à ceux d’autres régions du pays. Cependant, dans les zones rurales, les hommes arborent souvent la galabeya ou des ensembles amples en coton clair, adaptés à la chaleur.Ils portent également le tobe, une longue tunique traditionnelle masculine, souvent sobre mais parfois accompagnée d’une keffieh (foulard) et d’un agal (cordon servant à le maintenir). Le tobe est à la fois pratique (protection contre le soleil et le sable) et symbolique (modestie, tradition, appartenance). Un vêtement, une mémoire vivanteEn Egypte, le vêtement dépasse la fonction utilitaire : il est un vecteur d’identité, un lien avec le passé, une mémoire vivante. À travers ses textiles, ses coupes, ses couleurs et ses symboles, se dessine une identité égyptienne multiple, à la croisée des temps et des cultures — entre traditions millénaires et modernité assumée.