Chacun de nous se rappelle les histoires de sa grand-mère. Des histoires héritées d’une génération à l’autre. Evidemment, chaque génération a ajouté sa propre sauce et a permis aux autres d’en goûter une nouvelle saveur. Les histoires de grand-mère cherchent à rappeler aux adultes ces doux moments passés à l’ombre des persiennes à écouter les histoires de nos aïeuls à l’âge de l’innocence.
L’avarice est une tare à laquelle nul ne peut remédier. Elle détruit des personnes, des relations et des vies. Etre avare n’est pas uniquement lié à l’amour de l’argent, mais à un manque d’altruisme envers les autres. Cette histoire vous permettra de voir que notre vie est un boomerang. Alors, évitez de semer des épines sur les routes de ceux qui vous demandent de l’aide.
Il était une fois une souris qui avait un petit hameau au milieu d’un champ. Autour d’elle, il y avait une seule voisine qui avait une petite famille et qui vivait dans le calme. Notre souris avait deux enfants en bas âge, mais menait une vie douce et paisible. Elle passait ces jours dans les champs à collecter des graines, des fruits ou des légumes abandonnés pour nourrir sa famille et faire son stock. Malheureusement, elle tombe malade et se voit obligée de passer quelques jours au lit pour se reposer. Elle dit à ses enfants : «Heureusement, nous avons un stock qui peut nous suffire quelques jours». Elle espérait guérir vite et pouvoir reprendre la voie vers les champs pour rassembler tout aliment possible. De jour en jour, la souris se sent beaucoup mieux et s’améliore. Sa santé n’est plus fragile. Alors, elle décide de reprendre son activité et faire tout ce qu’elle peut pour nourrir ses petits. C’est alors que la pluie a commencé à se déclencher. Une pluie diluvienne jamais vue dans ce coin.
Au début, malgré les grosses gouttes d’eau, la souris essaye de sortir. En vain. Elle découvre qu’une fois à l’extérieur, elle se fera emporter par l’eau et finira par périr laissant ses petits affamés. Alors, elle demande à ses enfants de patienter. Les enfants, affamés, restent calmes et attendent que la pluie s’arrête. Une attente qui semble sans fin. Des heures passent et passent, mais rien. La pluie continue et prend davantage d’intensité. Le lendemain, les enfants commencent à larmoyer, ils ne peuvent plus supporter le sentiment de faim, ni le vide de leur estomac. Voyant ses petits dans cet état de faiblesse, la souris décide de sortir frapper à la porte de sa voisine lui demander quelques graines. En s’approchant, elle sent déjà l’odeur de plusieurs délices : du pain, du fromage, des fruits, des légumes, des graines. Elle se dit : «Probablement, elle pourrait même me donner un bout de pain ».
Devant la porte, elle entend sa voisine dire aux enfants : « Nourrissez-vous bien. Nous avons abondamment de la nourriture ». Cette phrase la rend moins timide. Elle se dit : «Je ne risque rien si je lui demande de l’aide alors». Dès qu’elle frappe à la porte, elle entend un morne silence. Un morne silence de plusieurs secondes s’impose. Ce temps lui paraît éternel. Puis, sa voisine lui ouvre à peine la porte. Une porte entrouverte qui ne se montre pas très accueillante. Mais devant l’image de ses enfants souffrants, la souris n’hésite pas à franchir le pas et à formuler sa demande : « Bonjour, chère voisine, il pleut depuis plusieurs jours et j’étais malade. Je suis à bout de provisions. Pourrais-tu me donner n’importe quoi pour nourrir mes enfants ? Ils n’ont pas mangé depuis trois jours».
Avec un sourire froid et sur un ton très mielleux, la souris lui dit : «Malheureusement, je vis la même situation que toi. J’attends la fin de la pluie pour collecter des aliments».
Intimidée, la souris décide de se retirer. Sa voisine avare n’a pas du tout voulu l’aider. L’image de ses enfants et la froideur de sa voisine l’assassinent. Elle regagne sa maison difficilement avec la pluie. Toute mouillée, elle annonce à ses enfants qu’il faudra attendre la fin de la pluie malgré la faim. Ceux-ci l’entourent et lui affichent affection et compassion.
Comme si le ciel avait entendu sa complainte, la pluie commence à se calmer. Elle persiste, mais demeure une pluie calme et moins dangereuse. Notre souris s’élance alors dans la nature : elle part dans tous les sens et cherche à collecter le maximum de nourriture. Elle rentre chez elle à plusieurs reprises pour déposer. Chaque fois, elle dépose une partie de sa collecte et se sent mieux. Entre-temps, elle sert ses enfants de quelques grains pour calmer leur estomac. Après plusieurs heures de travail sans arrêt, ni repos, elle rentre chez elle à la nuit tombante et là la pluie reprend de plus belle. En regardant la pluie tomber si farouchement, elle se dit : «J’ai de la chance d’avoir pu collecter autant de nourritures». Chaque jour, elle guette le rythme de la pluie, lorsque les gouttelettes ne font pas peur, elle sort collecter ce qu’elle trouve sur son chemin. Ni risque, ni péril, elle reste toujours près de chez elle. Après une semaine rythmée d’accalmie, vinrent deux jours durs : pluies diluviennes, vent impitoyable et froid de canard. C’est là que la souris entend quelqu’un frapper à sa porte. Elle sort pour l’ouvrir avec vigilance. Elle ne s’attend pas à avoir des
visiteurs. Surprise, elle trouve sa voisine à sa porte. Celle-ci était à bout de provisions. Ses enfants étant affamés, elle a décidé de frapper à la porte de notre souris.
Notre souris la trouvant mouillée par la pluie, l’invite à entrer chez elle pour se réchauffer et pour se protéger. La voisine est choquée de cette réception, elle qui avait fermé sa porte à notre souris. Elle murmure tellement vexée: «Aurais-tu de quoi nourrir mes petits ?» En murmurant ces quelques mots, elle avale sa dignité et se dit : «Nul ne me donnera rien. Elle aura raison, j’ai été avare, égoïste et insensible. La vie est un boomerang, nul ne m’aidera».
Notre souris sourit et lui dit : «Oui, j’en ai. Ne t’inquiète pas chère voisine».
Choquée, la voisine lui dit: « Ah, bon, mais pourquoi m’aiderez-vous ? La vie est un boomerang et je ne vous ai pas aidée. Je ne mérite pas votre aide ». Notre souris lui répond : « Justement, parce que la vie est un boomerang, j’ai décidé de vous aider et de vous offrir un secours ».
Etre généreux n’est pas toujours une forme d’aide à autrui, mais aussi une forme d’appréciation de soi, de gratitude et un pacte avec la vie pour nous épargner le pire.




