Chacun de nous se rappelle les histoires de sa grandmère. Des histoires qui ont été héritées d’une génération à l’autre. Evidemment, chaque génération a ajouté sa propre sauce et a permis aux autres d’en goûter une nouvelle saveur.
Les histoires de grand-mère cherchent à rappeler aux adultes ces doux moments passés à l’ombre des persiennes à écouter les histoires de nos aïeuls à l’âge de l’innocence.
L’observateur silencieux (2)
Observer est un art, surtout si l’observateur est silencieux et communique peu. Dans ce cas, il peut découvrir les moindres détails inconnus par autrui. C’est le cas de notre jeune observateur silencieux. Kamel est un jeune homme très calme, incapable de parler facilement, il avait l’habitude de balbutier. Face à l’impatience des gens, il a pris l’habitude de garder le silence, d’écouter et d’observer plus que de parler. La maîtresse de la maison avait remarqué que sa servante se servait du stock de la maison pour en faire des pâtisseries en quantité énorme. Elle souhaitait la confronter et avant tout, elle voulait savoir où allaient ces énormes quantités.
Lors d’un après-midi, alors que la maîtresse de la maison prenait son thé calmement et discutait de l’affaire avec son ami, Kamel a pu oser enfin parler. Lui, il le savait. Parlant rarement, il a appris à observer davantage les gens, à les connaître bien et à découvrir leurs véritables personnalités. Sur un ton hésitant et en balbutiant, le jeune homme a dit : – El–le f–ait du com–mer-ce et v–end ces pr–o–duits au bou–lan–ger du vi–ll–age. Bref, la servante soumise et douce n’était qu’un faux dévot, une jeune femme qui avait su convaincre sa maîtresse de mettre en place des persiennes pour garantir que nul dans le village ne découvre son stratagème.
Ce n’était donc pas l’œil de la voisine curieuse qui la gênait. Et, la voisine n’était pas curieuse, elle essayait constamment de faire parvenir un message de manière sous-jacente. Mais, au lieu de la comprendre, tout le monde s’est distancié d’elle.
La servante avait exploité à merveille sa douceur pour diffuser une information dans la ville : la voisine de l’épouse du commerçant était une femme curieuse et grossière. Nul n’allait la croire. Mais, elle n’a pas pris en considération qu’aucun mensonge ne peut perdurer constamment.
Le lendemain, à l’aube, l’épouse du commerçant décide de descendre les quelques marches pour confronter sa servante, qui venait d’achever ses pâtisseries. Dès qu’elle a achevé ses pâtisseries, elle a été surprise de voir la maîtresse de la maison devant elle lui disant : – Bonjour, ah, je vois mon enfant que vous m’avez préparé de bonnes choses. Cette quantité n’est pas énorme pour notre maison, je pense en faire cadeau à nos voisins et surtout à notre chère voisine, celle que vous surnommez la curieuse. Pâle, la jeune servante ne savait que faire. Dans sa tête, elle pensait encore comment garder une partie de sa production pour le boulanger. – Avant de sortir de la cuisine, la maîtresse de la maison lui dit sur un ton très sec : n’attendez pas le boulanger mon enfant. Mon mari lui a déjà parlé.
La servante avait les yeux écarquillés et la bouche bée. Elle n’arrivait pas à en croire ses oreilles. Bref, elle était totalement dévoilée. Dans la soirée, les persiennes et les rideaux ont été ôtés.
Et, la servante a perdu son travail et sa réputation. Nul n’entendait l’embaucher à nouveau. Les personnes aux mots gentils sont souvent comme des vipères dont il faut se méfier. Elles savent vous faire parler et gagner votre confiance, elles savent vous faire également du mal. Soyez alors vigilants !