Chacun de nous se rappelle les histoires de sa grand-mère. Des histoires qui ont été héritées d’une génération à l’autre. Evidemment, chaque génération a ajouté sa propre sauce et a permis aux autres d’en goûter une nouvelle saveur. Les histoires de grand-mère cherchent à rappeler aux adultes ces doux moments passés à l’ombre des persiennes à écouter les histoires de nos aïeuls à l’âge de l’innocence.
Il était une fois un village où tout le monde vivait dans la pleine sécurité. Nul ne se plaignait de vols, ni de pertes de ses affaires. Le vizir du village vantait l’honnêteté de ses habitants, et la grande sécurité dont ils jouissaient.
Souvent, des visiteurs venaient visiter ce petit village oublié au fin fond du monde, mais savaient d’avance que nul ne pouvait les voler. La réputation du village faisait la joie et la gloire de tous. Un jour, le vizir tomba malade, il était tellement fatigué qu’il a dû se reposer chez lui pendant une longue période. Etant un homme fort et bruyant, il a cédé sa place au vide et l’émir du village se sentait déboussolé sans son vizir. Un jour, l’émir rencontre lors d’un petit déplacement dans un village voisin, un homme sage et très calme. Tout de suite, il a trouvé en lui un nouvel allié et un homme de confiance.
Un homme calme se dit-il. L’émir décide alors d’en faire son nouveau conseiller et vizir. Il a même décidé que son ancien vizir est démis de ses fonctions pour cause d’incapacité.
Evidemment, nul ne pouvait contredire l’émir. Le vizir encore malade a appris la nouvelle plusieurs jours plus tard, il était énormément déçu après autant d’années au service du souverain. Mais, il s’est dit peut-être est-il temps de prendre congé et me reposer. On ne peut pas continuer à travailler constamment, il faut bien se reposer dans la vie surtout avec l’âge. Laissons à la nouvelle génération sa chance, assura-t-il à son entourage. Puis, il s’est retiré dans le calme et le silence.
Quant au nouveau-venu, il a pu enfin élire domicile au palais princier profitant de sa relation avec l’émir. Resserrant ses liens avec le souverain, il devient de plus en plus puissant et fait régner la peur et la crainte. Pourtant, il n’était pas bruyant, donc, nul ne pouvait le juger. Tout se déroulait dans le royaume de manière calme.
Petit à petit, le vizir comprend qu’il ne pourra plus jamais revenir à sa fonction, et trouve un plaisir dans sa nouvelle vie. Une vie calme et paisible sans grande responsabilité. Heureusement, il avait des ressources qui garantissaient son aisance, mais n’était pas pour autant riche. Et, il n’avait jamais cherché à profiter de la richesse, il se contentait de son aisance.
Un jour, l’émir s’est rendu compte de la disparition d’une énorme fortune. Il s’agit de pièces en or. Des pièces assez suffisantes pour acheter un palais aussi grand que celui où il vivait. Furieux, il a réuni tous ses collaborateurs. Il a appelé même les anciens collaborateurs dont le vizir pour enquêter autour de l’affaire. A ses yeux, tous étaient aussi bien des coupables que des témoins. Tous sauf son nouveau collaborateur.
Les trésors étaient dans une salle près du bureau de l’émir. C’était bel et bien lui qui fréquentait le palais. Les pièces n’avaient pas toutes disparu le même jour, mais graduellement.
L’émir, fort en colère, a commencé à menacer son audience et à crier, lorsque l’ancien vizir lui dit : « Permettez-moi votre altesse de vous couper la parole. Je crois que vous avez bien raison, le voleur ne peut être que l’un parmi nous. Je propose que vous nous gardiez tous détenus ici dans le palais jusqu’à ce que le criminel se révèle ».
Le vizir avait tout de suite remarqué que l’émir était aveuglé par son nouveau collaborateur. Il pensait bien qu’il ne sera pas détenu avec eux. L’émir donna l’ordre de détenir toute son audience à l’exception du nouveau collaborateur qui devait, lui, veiller à découvrir l’usurpateur. Plusieurs jours ont passé alors que tout le monde était enfermé quand l’émir a découvert que d’autres pièces ont disparu. Il a crié aux prisonniers. Il a dit : « Qui parmi vous a eu l’audace de me voler ? »
Confiant, l’ancien vizir lui dit : « Aucun parmi nous votre altesse, le voleur doit avoir l’option de sortir et d’entrer au palais pour cacher les monnaies d’or ». L’émir ne semblait pas être convaincu, mais le vizir lui dit : « Ecoutez votre altesse, l’homme qui vole les monnaies doit être quelqu’un peu actif pour bouger lentement et ne pas faire du bruit de peur que les monnaies en or sonnent ».
Le vizir ordonna à toutes les personnes présentes dans la salle de sauter y compris l’émir. C’est alors que le collaborateur a cherché à se faufiler sur les pointes des pieds. Mais obligé de sauter, comme tous, il a été découvert et arrêté.
Le vizir a pu dévoiler une fois de plus un faux-dévot. L’émir lui dit : « Comment avez-vous pu le découvrir ? »
Les personnes douces qui parlent peu et qui bougent sur la pointe des pieds sont soit des escrocs soit des espions, elles font profil bas pour ne pas se faire remarquer.