Face à Louxor, sur la rive ouest du Nil, les pharaons ont préparé pour leur dernier voyage d’éblouissantes sépultures. Creusées dans la montagne, dissimulées au regard des intrus, elles sont revêtues de bas-reliefs et de fresques splendides destinés à leur assurer la meilleure des vies dans l’au-delà… Le parcours effectué par la dépouille du pharaon ressemble un peu au cheminement post mortem qu’imaginaient les anciens Égyptiens, décrit notamment dans le Livre des morts. À l’issue de ce voyage fait d’épreuves, de dangers, de monstres, de chausse-trapes et d’énigmes insolubles, le défunt – suprême récompense – peut renaître chaque matin grâce au Soleil régénéré. Et Pharaon peut maintenir l’ordre cosmique, car il est le garant de la permanence des choses. Au fond, les Égyptiens n’ont qu’une peur : que le ciel leur tombe sur la tête. Et ils rêvent qu’après la mort, rien ne change dans ce monde parfait.
“Ils avaient plusieurs mots et expressions pour parler du temps et de l’éternité, explique Frédéric Servajean, égyptologue, professeur à l’Université Montpellier III . Notamment djet et neheh. Souve nt accolés dans les textes, ils ont été traduits par ‘pour toujours et à jamais’. Faute de mieux. Car, en fait, ils désignent des éternités différentes et complémentaires. Djet est utilisé pour ce qui est immuable comme la structure du monde, le ciel, la montagne, etc. Neheh, au contraire, désigne un temps cyclique, ce qui se modifie, comme le Nil avec ses crues, les étoiles qui se déplacent dans le ciel, la végétation qui évolue selon les saisons. Le divin, qui est djet par essence, se manifeste auprès des humains à travers ce qui est neheh.”