Le Mouled, une pratique très répandue en Egypte et dans les autres pays du monde arabe. Il s’agit des moments autonomes, des moments pleins de l’expérience humaine, qui reflètent l’histoire du pays dans sa complexité : régions et paysages, gens et bétails, commerce et cultures, mets et jeux, villes et campagnes, traditions et innovations. Un mouled est aussi une foire, une fête patronale, une animation festive. Les mouled ne sont pas un phénomène périphérique ou marginal. Du 14e siècle jusqu’à nos jours, ils ont rythmé l’histoire sociale et religieuse du pays, et ont fait vibrer les villages et les villes. Relevant d’une culture sociale commune et une façon similaire d’exprimer le sentiment religieux, c’est souvent par centaines de milliers que les Égyptiens -coptes et musulmans- fêtent le mouled, noyau constitutif de leur culture populaire. En Égypte, les mouleds, au-delà de l’événement religieux, revêtent aussi une dimension commerciale et festive. Cette triple association – rites sacrés, foire et fête – largement répandue dans le monde arabe n’est en rien spécifique à la région, mais tire sa source d’anciennes rites pèlerins. Traditionnellement, de grandes foires commerciales se tenaient à l’occasion des pèlerinages. Mais, depuis le début du XXe siècle, la plupart des foires des grands mouleds ont perdu de leur ampleur. En revanche, la dimension festive est restée très présente, car le mouled est pour le pèlerin, dégagé des tâches quotidiennes, le temps de « l’extraordinaire » où il pourra vivre la libération de ses instincts refoulés, ou tout au moins se laisser aller à l’abandon d’une douce euphorie. La tradition moulédienne remonte au Moyen Âge, comme une pratique d’essence villageoise. Bien que marqués par une vision orientaliste, les récits de voyage décrivent des formes d’organisation carnavalesque ayant la fonction sociale de célébrer et d’affirmer l’identité communautaire. La participation des habitants, des corporations de métier, des notables locaux et des oulémas ainsi que l’inscription des rites processionnels dans l’histoire du lieu, contribuent à promouvoir un certain ordre social. L’organisation de chants, de danses, de parades en l’honneur d’un saint patron local renforce le sentiment de communion populaire dès lors que celui-ci est symbole de bénédiction et d’histoire ancestrale. Les mouleds en Egypte sont divisés en plus d’une catégorie, la première étant les événements religieux publics tels que la célébration de la naissance du Prophète de l’Islam, le jour de l’an hégirien, la célébration de l’ascension du prophète Mohammad, et la nuit de misha’ban. Les plus célèbres de ces mouleds sont Al-Hussein, Al sayeda Fatima, Al sayeda Zeinab, Al Sayeda Aisha au Caire, Al Sayed Ibrahim El-Desouki dans la ville de Desouq (Gouvernorat de Kafr El-Sheikh dans le delta de l’Égypte), Al Sayed Al Badawy à Tanta (Gouvernorat de Gharbia, Delta Égypte), et Abdel-Rahim Al-Qanai (Qena) ainsi que des célébrations pour certains saints dans le Gouvernorat d’Alexandrie, dont les plus célèbres sont Abul Abbas Al-Mursi et Sidi Jaber. Des milliers d’Égyptiens et d’étrangers y participent. Parmi les mouleds figurent également ceux des Coptes qui célèbrent les multiples anniversaires de la Vierge Marie et du martyr Georges au Caire et Kafr El Dawar, Mit Damsis, Saint Demiana dans le Gouvernorat de Dakahlia, Mar Mina dans le désert occidental, à Qena, et Abu Al-Hajjaj Al-Aqsari à Louxor.