Des églises archéologiques depuis l’aube du christianisme en Égypte
Depuis l’Antiquité, les oasis d’Égypte occupent une place centrale dans l’histoire du pays. Elles ont longtemps joué un rôle stratégique en tant que ligne de défense contre les attaques venues de l’ouest et du sud.
L’homme y a vécu depuis la préhistoire, comme en témoignent les vestiges de Jabal al-Tayr à Kharga et la grotte de Jara à Farafra. À l’époque pharaonique, les oasis constituaient l’une des principales régions administrées par le pharaon, servant de première ligne de défense dans les zones méridionales et occidentales.
Dans ce contexte, une mission archéologique égyptienne du Conseil suprême des antiquités (CSA), opérant dans la zone d’Ain al-Kharab, au sein des oasis islamiques et coptes de Kharga, dans la Nouvelle Vallée, a mis au jour les vestiges de l’ancienne ville résidentielle principale des oasis de Kharga, témoin de la transition du paganisme vers le christianisme.
Le ministre du Tourisme et des Antiquités, Chérif Fathi, a déclaré que cette découverte reflète la richesse et la diversité de la civilisation égyptienne au fil des périodes historiques. Elle permet de mieux comprendre la phase de transformation religieuse en Égypte, mettant en lumière la tolérance, ainsi que la diversité culturelle et religieuse de cette civilisation.
Il a souligné que le ministère continuerait de soutenir pleinement les missions archéologiques dans tous les gouvernorats, saluant les efforts des équipes égyptiennes et leurs réalisations, qui renforcent la position de l’Égypte sur la carte mondiale du tourisme culturel.
De son côté, le Dr Mohamed Ismail Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, a souligné l’importance de cette découverte, qui éclaire une période charnière de l’histoire de la région de Kharga : le début de l’ère copte en Égypte. Il a également insisté sur le rôle crucial des oasis occidentales en tant que centres de vie religieuse et sociale à travers les siècles.
Il a expliqué que la mission a mis au jour les vestiges d’une ville entière, composée de bâtiments résidentiels en briques crues, dont certains murs sont recouverts de mortier, ainsi que des zones de service dotées de fours pour un usage quotidien.
Plusieurs silos en briques crues et de grandes jarres fixées au sol servaient au stockage des céréales et de la nourriture. Divers objets ont été découverts, dont un ensemble d’ostraca, des pots en céramique, des objets en pierre et en verre, ainsi que des sépultures. Une fresque représentant Jésus-Christ guérissant un malade a également été retrouvée.
Le Dr Siham Ismail, directrice générale des antiquités de Kharga et cheffe de la mission, a précisé que les vestiges de deux églises ont été découverts.
La première est une église basilicale en briques crues, dont les fondations en pierre indiquent qu’elle se composait d’un vaste hall central et de deux ailes, séparées de chaque côté par trois colonnes carrées. La partie sud de l’édifice abrite un ensemble de bâtiments annexes.
La seconde église, de plus petite taille, présente un plan rectangulaire et est entourée des restes de sept colonnes extérieures. Certains murs intérieurs sont ornés d’inscriptions coptes. À l’ouest du bâtiment, des structures de service ont également été identifiées.
Elle a ajouté que la majorité des édifices découverts sur ce site lors des campagnes précédentes indiquent une occupation sur plusieurs époques : des constructions datant de l’époque romaine ayant été réutilisées au début de la période copte, ainsi que durant l’époque islamique.