C’est une bonne ou une mauvaise situation, d’être scribe ? Être scribe à l’époque de l’Egypte antique, c’était la classe. Souvent issus de familles influentes, ces derniers étaient des dignitaires respectés pouvant occuper des postes importants à la cour royale. Et pour cause: c’était bien souvent les seuls à savoir lire et écrire. Plutôt pratique quand il s’agit d’accomplir des tâches administratives, comme rédiger des contrats, selon le site https://www.slate.fr.
Pour autant, travailler en tant que scribe était loin d’être de tout repos. Certains d’entre vous savent de quoi je parle: les scribes avaient, de par leur posture de travail, tout un tas de problèmes physiques comparables à ceux des employés de bureau d’aujourd’hui, rapporte une nouvelle étude publiée dans la revue Scientific Reports.
Les chercheurs d’un musée et d’une université de la République tchèque ont examiné les restes de 30 scribes hommes enterrés dans une nécropole d’Abousir, un complexe de tombes au sud du Caire, entre 2700 et 2180 av. J.-C., puis les ont comparé aux squelettes retrouvés au même endroit, et datant de la même époque, de 39 non-scribes. Résultats, les tâches répétitives effectuées par les scribes et les postures qu’ils adoptaient pendant qu’ils écrivaient pouvaient provoquer des changements dégénératifs au niveau de leurs articulations, de leur colonne vertébrale et de leurs mâchoires.
Arthrose à gogo
Il faut en fait s’imaginer comment travaillaient les scribes. Sur les représentations artistiques d’époque, ont les voit souvent travailler les jambes croisées, voire accroupis sur la jambe droite, la tête penchée en avant et les bras ne s’appuyant sur aucun support solide. Une posture qui avait pour conséquence de modifier le centre de gravité de la tête et de mettre la colonne vertébrale sous tension, précise le New York Times.
Quand on analyse leur squelette, c’est la catastrophe ! On y observe des signes de tension sur l’humérus et l’os de la hanche gauche, ainsi que des dépressions dans les rotules et une détérioration de la cheville droite. Presque tous avaient également de l’arthrose, notamment dans les articulations reliant la mâchoire inférieure au crâne, la clavicule droite, l’épaule droite, le pouce droit, le genou droit et la colonne vertébrale, en particulier dans le cou. Bref, de l’arthrose à gogo.
Ce n’est pas tout. Les scribes auraient également eu une fâcheuse manie au travail, que beaucoup d’entre nous avons également: ils mâchaient la tête de leur stylo! Si les scientifiques discutent encore de cette hypothèse, les lésions des articulations temporo-mandibulaires, là où la mâchoire s’attache au crâne, qui étaient deux fois plus fréquentes chez les scribes laissent peu de place au doute.
En effet, les Egyptiens de l’Antiquité documentaient tout, des prières aux proclamations, en passant par les taxes. Il semble que le travail de tout prendre en note ait même laissé des marques sur les os des scribes.
D’après une nouvelle étude publiée dans Scientific Reports, des traces de blessures professionnelles sont visibles sur les os de scribes égyptiens enterrés il y a plus de 4 000 ans – notamment des chevilles aplaties dues à des décennies de position assise en tailleur et de possibles blessures à la mâchoire dues au rongement des « pinceaux » en roseau utilisés par ces consciencieux documentalistes.
Bien que leur civilisation millénaire le long du Nil ait dépendu de l’alphabétisation pour gérer leur vaste bureaucratie, on estime que moins de 1 % des anciens Egyptiens savaient lire et écrire, explique Veronika Dulíková, égyptologue à l’Université Charles de Pragues et co-autrice de la nouvelle étude.
« Ces personnes formaient l’épine dorsale de l’administration de l’État », explique-t-elle. « Les personnes alphabétisées travaillaient dans des bureaux gouvernementaux importants… Les Egyptiens de l’Antiquité consignaient soigneusement toutes leurs activités, qu’ils conservaient ensuite dans des archives. »