Pour s’informer en temps réel de la situation à Gaza, beaucoup de Palestiniens se servent de Telegram, Instagram et des autres réseaux sociaux. Ils leur permettent aussi de diffuser leur opinion. La télévision est allumée en permanence dans tous les cafés palestiniens, les salons, les restaurants et les bureaux, notamment à Jénine en Cisjordanie. Beaucoup de jeunes ont aussi les yeux rivés sur leurs téléphones pour se renseigner sur la situation à Gaza. La guerre ne se limite pas qu’au terrain, elle s’étend aussi sur le numérique. Pour les Palestiniens qui estiment ne pas avoir assez de voix dans les médias traditionnels ou que les reportages ne couvrent pas assez l’ampleur des bombardements à Gaza, les réseaux sociaux sont un outil précieux.
Par Marwa Mourad

Twitter, Telegram, Instagram et TikTok leur donnent de la place pour une parole qu’ils considèrent plus libre, et leur ouvrent une fenêtre sur ce qui se passe en temps réel. C’est l’avis de Maïsse, une jeune Palestinienne de Jénine. “Sur les réseaux sociaux, vous pouvez trouver des gens lambda qui vous parlent de la situation, de leur famille, de ce qui leur arrive personnellement, décrit-elle. Ils nous montrent aussi ce qui se passe vraiment à l’hôpital, avec les docteurs et les patients. Et vous avez l’impression d’être avec eux. Vous pleurez, vous riez, vous interagissez avec leurs sentiments comme si vous y étiez”.
Elle suit aussi des journalistes locaux sur place, des personnalités qui diffusent en temps réel et sans filtre l’information qui n’est pas toujours accessible dans les médias traditionnels, ou que les jeunes trouvent biaisée.
“C’est une déception de voir à quel point la vision des Palestiniens dans les médias ou auprès des leaders occidentaux est dégradante”, souligne Fadi, un Palestinien de 24 ans, étudiant en médecine à franceinfo.
Fadi, qui vit à Jénine, s’est donc inscrit sur des groupes WhatsApp. L’étudiant regarde également des vidéos sur Instagram et des lives. “Là, ce sont aussi les chaînes Telegram que j’utilise pour trouver des informations. Il y en a des chaines officielles, comme Al Quds News ou Al Jazeera”, ajoute-t-il. C’est un moyen pour lui d’aller au-delà de ce qu’il appelle les deux fronts de cette guerre : celui qui est militaire et celui qui touche à l’accès à l’information.
“Cette génération a quelque chose que les générations précédentes n’avaient pas : c’est le pouvoir des réseaux sociaux. Le pouvoir d’être capable de diffuser votre opinion, de diffuser la vérité aux gens, sans restrictions, sans constructions”, estime Fadi. Il en appelle à tous ceux qui ont la possibilité de partager des choses, à ceux qui sont suivis : “Croyez-moi, chaque voix compte”.

Les appels au boycott se multiplient
Des marques ciblées pour leur soutien à l’armée israélienne ou pour leur rôle dans la colonisation. Des appels au boycott circulent sur les réseaux sociaux et visent notamment des marques françaises comme Carrefour.
Des campagnes relayées par des militants de la cause palestinienne, qui partagent des listes de marques ayant un rôle soit dans la colonisation israélienne, soit auprès de l’armée israélienne dans la guerre débutée le 7 octobre dernier contre la bande de Gaza. Parmi les marques ciblées par ces campagnes d’appels au boycott, la marque Carrefour, accusée d’avoir fourni gratuitement des repas à l’armée israélienne, est l’une des plus ciblées avec le #BoycottCarrefour.
Une très longue liste de marques à boycotter circule sur les réseaux sociaux et au sein des comptes de militants de la cause palestinienne, avec des marques allant des groupes Coca-Cola, Danone, Nestlé, ainsi que Starbucks, KFC, L’Oréal ou encore Disney.
En cause, le message publié par le compte Instagram de McDonald’s Israël, qui a posté la semaine dernière des messages dans lesquels l’enseigne explique avoir “fait don et continue de donner des dizaines de milliers de repas aux unités de Tsahal, à la police, aux hôpitaux, aux habitants de la bande de Gaza et à toutes les forces de secours”.
Si McDonald’s Israël est une franchise, c’est-à-dire une société indépendante de l’entreprise américaine, des enseignes de la marque dans d’autres pays ont préféré réagir : la franchise à Oman a notamment fait part de son soutien à Gaza et à ses habitants en promettant de faire un don de 100.000 dollars “pour les efforts de secours pour le peuple de Gaza”.