Le professeur Gamal Chakra, spécialiste de l’histoire moderne et contemporaine, a retracé les origines des Frères musulmans, fondés en 1928 à Ismaïlia par l’instituteur Hassan Al-Banna. Il a précisé que le mouvement s’est d’abord présenté comme une organisation religieuse prônant un retour à “l’islam originel”, en rejetant ce qu’il considérait comme modernisme et occidentalisation.
Les Frères musulmans serviraient les intérêts des États-Unis et du sionisme mondial
Lors d’une intervention sur la chaîne Extra News, le professeur Chakra a souligné que la confrérie s’était inspirée des idées d’Ibn Taymiyya, tout en évoluant dans un contexte bien différent de l’environnement islamique traditionnel. Il a évoqué des soupçons historiques sur des liens entre la confrérie et les services secrets britanniques, soulignant que celle-ci aurait été instrumentalisée au profit des intérêts occidentaux dans la région.
Il a également évoqué d’éventuelles relations avec les services de renseignement américains, affirmant que le groupe œuvrait au service des États-Unis et du sionisme international, comme cela a été visible dans les récentes manifestations devant les ambassades égyptiennes à Tel-Aviv et dans d’autres pays.
Infiltration de l’État et usage de la violence
Selon le professeur Chakra, l’engagement politique de la confrérie et ses affrontements avec différentes forces politiques ont entraîné une escalade de la violence et des actes terroristes, citant notamment les assassinats attribués au groupe dans les années 1940, tels que ceux de Mahmoud Al-Noqrashi et du juge Al-Khazindar, ainsi que l’incendie du Caire.
Il a également mis en garde contre l’infiltration de la confrérie dans les institutions de l’État, en particulier l’armée égyptienne à la fin des années 1940. Cette infiltration a été révélée par le président Gamal Abdel Nasser, qui s’est éloigné de la confrérie après avoir compris que ses objectifs étaient politiques et non religieux.
Tensions historiques et résurgence post-2011
Le professeur a rappelé que la confrérie avait tenté de s’approprier la révolution du 23 juillet 1952, prétendant qu’il s’agissait d’une révolution islamique. Ce comportement opportuniste a conduit à une confrontation directe avec Nasser, notamment en 1965, avec plusieurs tentatives de sabotage, parmi lesquelles l’attaque du barrage d’Al-Qanater et de nouveaux incendies au Caire.
Enfin, il a affirmé que la confrérie avait profité des soulèvements révolutionnaires de janvier 2011 pour revenir sur le devant de la scène, et a conclu en rappelant que l’histoire sombre de ce groupe ne pouvait être ignorée. Selon lui, l’organisation a remplacé le slogan du califat par un soutien manifeste au projet sioniste.
À la question de savoir s’il s’attendait à ce que la confrérie affiche aussi ouvertement son soutien à Israël, la communication avec le professeur Gamal Chakra a été interrompue avant qu’il ne puisse répondre.