Par: Alia Abou El-Ezz
L’hôpital grec d’Alexandrie, plus connu sous le nom d’hôpital Kotsika, fut fondé à l’initiative de Théocharius Kotsika, figure marquante de la communauté grecque d’Égypte. L’idée de construire cet établissement hospitalier naquit d’un drame : un ouvrier de son usine mourut à la suite de l’explosion d’une chaudière, faute d’avoir pu être transporté à temps vers un hôpital. Profondément touché, Kotsika décida de doter Alexandrie d’un établissement moderne et accessible.Homme d’affaires influent et chef de la communauté gréco-égyptienne, Théocharius Kotsika était considéré comme l’un des plus riches entrepreneurs de son temps. En 1910, sa fortune était estimée à cinq millions de livres égyptiennes en or. Visionnaire, il créa en 1893 la première usine d’alcool en Égypte, à Maadi, région qui porte encore son nom. Il fonda également une usine d’amidon et de glucose et participa activement à des œuvres sociales, notamment en offrant en 1916 la première ambulance française au service médical égyptien.La conception architecturale de l’hôpital fut confiée à l’ingénieur français Jean Valter. Les travaux commencèrent le 15 mai 1932, sous le règne du roi Fouad Ier, et s’achevèrent le 27 août 1938. L’hôpital fut inauguré le 1er septembre 1938 et ouvrit officiellement ses portes au public le 3 septembre de la même année.À l’époque, l’hôpital grec d’Alexandrie était l’un des plus vastes et des plus modernes du pays, avec une capacité d’environ 250 lits. Durant la Seconde Guerre mondiale, il joua un rôle essentiel : après l’invasion de la Grèce par les forces allemandes, de nombreux soldats grecs y furent soignés aux côtés des blessés égyptiens.En 1961, les usines Kotsika fusionnèrent avec la Starch and Glucose Company. Trois ans plus tard, en octobre 1964, l’hôpital, rebaptisé Hôpital Gamal Abdel Nasser en hommage au président égyptien, fut intégré au système national de l’assurance maladie.Aujourd’hui encore, ce bâtiment incarne un patrimoine médical et historique unique, témoin des liens étroits entre la communauté grecque et l’Égypte au XXe siècle.