

Par : Iman Bahgat
Autrefois reflet spontané de l’opinion publique, le « trend » est désormais devenu une véritable industrie, capable d’orienter les esprits et de dicter les centres d’intérêt des foules. Cette mécanique médiatique pose un problème de fond : nous accordons une importance démesurée à des détails futiles, tout en reléguant au second plan des enjeux bien plus cruciaux.
Les règles élémentaires de l’étiquette rappellent pourtant qu’« à chaque situation correspond un propos ». En d’autres termes, chaque sujet mérite un degré d’attention proportionné à son importance. Lorsque l’on grossit l’anecdotique ou minimise le majeur, c’est le sens du discernement et de l’équilibre qui s’efface.
Les exemples abondent. Une image banale, une phrase lancée au hasard, ou un geste quotidien peuvent, en quelques heures, devenir le centre d’un débat national. Ces emballements brouillent la hiérarchie naturelle des priorités et altèrent le « bon goût » collectif. Car l’étiquette ne se limite pas aux apparences ; elle implique aussi un raffinement intellectuel, celui de savoir choisir nos conversations et nos sujets d’attention.

L’industrie du « trend » n’est pas en soi condamnable. Ce qui l’est davantage, c’est de laisser des éléments marginaux détourner notre énergie, au détriment des véritables défis qui mériteraient d’occuper la scène publique.
Il est donc urgent de traiter ces phénomènes avec lucidité et modération. Le raffinement, au fond, commence par un choix personnel : que suivons-nous ? De quoi parlons-nous ? Et à quelle intensité accordons-nous notre intérêt ? Ce sont là les règles simples du goût et de l’étiquette, garantes non seulement de notre image, mais surtout de la clarté de notre esprit.