Journée de l’archéologie France-Egypte
Avec près d’une cinquantaine de missions qui travaillent sur les nombreux chantiers de fouille et de restauration sur tout le territoire égyptien, la France est le premier partenaire de l’Egypte dans le domaine archéologique.
Cette 8e édition de la journée d’archéologie France-Egypte se serait tenue hier mardi 11 juin à l’auditorium de l’IFE à partir de 14h30. Au cours de cette édition, des messages d’introduction de l’ambassadeur de France en Egypte, Éric Chevallier, et du ministère du Tourisme et des Antiquités auraient été prononcés.
Cette année, la diversité et la richesse du travail des équipes franco-égyptiennes auraient été présentées à travers un ensemble de conférences tenue par Pierre Tallet, directeur de l’Ifao qui aurait parlé des travaux de l’Ifao dans les années 2023 et 2024, ainsi que les directeurs des centres de recherche français : Thomas Faucher, directeur du Centre d’études alexandrines et Luc Gabolde et Ahmed Al-Tahar, co-directeurs du Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak (CFEETK) en 2023/2024 et la chercheuse Aurore Ciavatti. Organisée conjointement par l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO) et l’Institut français d’Egypte (IFE), la Journée de l’archéologie France-Egypte rend chaque année hommage à la coopération et aux missions archéologiques franco-égyptiennes. « Avec plus de 600 chercheurs qui, chaque année, participent à ses travaux, l’Egypte antique est une passion française autant qu’un domaine d’excellence scientifique », a publié l’IFAO sur sa page officielle. Cette civilisation multimillénaire empreinte de mystère, l’Egypte antique fascine le monde depuis l’Antiquité. Grâce à Napoléon, Champollion et à nombreux savants, la France a développé depuis le XIXe siècle au moins un lien particulier avec ce pays à l’Histoire si riche. ImagesDéfense vous emmène sur les traces des pharaons et sur celles des Français qui se sont passionnés pour l’Egypte antique.

Une civilisation qui fascine depuis l’Antiquité
Apparue au troisième millénaire avant notre ère, l’Egypte fait partie des civilisations les plus brillantes et les plus influentes de l’Antiquité. Bénéficiant de l’unification de la Haute-Egypte, frontalière de la Nubie, et de la Basse-Egypte, qui correspond au delta du Nil, le royaume des pharaons connaît un dynamisme et une stabilité sans précédent. Souverains tout puissants, les pharaons font ériger des temples en l’honneur des dieux (Louxor, Karnak) ainsi que des ensembles architecturaux prodigieux pour leur propre gloire. Plusieurs de ces chefs sont entrés dans l’Histoire : Ramsès II, Khéops, Cléopâtre et Toutânkhamon.Malgré sa conquête par Alexandre le Grand puis son intégration à l’empire romain, l’Egypte antique conserve une influence culturelle non négligeable dans le monde méditerranéen à la fin de l’Antiquité. Le culte des divinités égyptiennes se développe à Rome, où l’on trouve notamment un temple dédié à la déesse Isis, et se diffuse jusqu’aux confins de l’empire romain. Les fresques retrouvées dans des villas à Pompéi attestent de la popularité de la culture égyptienne sur l’actuel territoire italien.
Napoléon Bonaparte sur les traces des Pharaons

La connaissance et l’étude de la civilisation égyptienne antique font un bond de géant au crépuscule du XVIIIe siècle grâce à la campagne d’Egypte. Napoléon Bonaparte, alors jeune général qui vient d’illustrer son talent de stratège en Italie, est envoyé en mai 1798 en Egypte. Le jeune homme part accompagné de près de 40 000 hommes pour mener une opération de grande envergure qui a pour principal objectif de couper la route des Indes aux Britanniques.
Malgré des conditions éprouvantes, Bonaparte parvient à motiver ses troupes et remporte quelques victoires qui participent à forger la légende napoléonienne. L’Histoire a retenu notamment la bataille des Pyramides, au cours de laquelle Bonaparte aurait prononcé ces mots devenus célèbres : « Soldats, songez que du haut de ces monuments, quarante siècles vous contemplent. »
Si la campagne est un échec militaire pour Bonaparte, qui préfère abandonner ses troupes en 1799, laissant le commandement au général Kléber, l’expédition scientifique qui l’accompagne est un succès.
Afin de faire l’état des lieux des connaissances sur l’Egypte antique et de proposer une cartographie de l’Egypte moderne, Bonaparte crée avant son départ une Commission des sciences et des arts composée de savants issus des disciplines les plus variées (mathématiques, ingénierie, sciences naturelles, beaux-arts, géographie et histoire).
Les cent-soixante-sept membres de la commission rassemblent une somme d’informations colossale durant les deux années de l’expédition.
La somme de leur travail est publiée à partir de 1809 dans la monumentale Description de l’Egypte, ouvrage à visée encyclopédique.
La campagne d’Egypte relance la fascination pour l’Egypte en France et dans toute l’Europe, provoquant même une vague d’« égyptomanie » au début du XIXe siècle.
Cet intérêt se ressent jusque dans les arts décoratifs qui, sous le Premier empire, sont fortement influencés par le style « retour d’Egypte ».
Tandis que les motifs pyramidaux, les sphinx et les fleurs de lotus envahissent les maisons bourgeoises, un autre mouvement est en train de voir le jour dans les lieux de savoir : l’égyptologie, qui devient progressivement un champ d’étude à part entière.
Champollion, père de l’égyptologie

Si les nombreuses énigmes de la civilisation égyptienne fascinent des savants de plus en plus nombreux, certains de ces mystères ralentissent considérablement l’avancée du savoir. C’est particulièrement vrai des hiéroglyphes, système d’écriture dont les règles sont tombées dans l’oubli depuis plusieurs siècles, privant ainsi les savants d’importantes sources d’informations.
L’égyptologue français Jean-François Champollion fait sauter le verrou en 1832 en parvenant à déchiffrer la pierre de Rosette, découverte par l’armée française durant la campagne d’Egypte puis confisquée par l’armée britannique.
La découverte de Champollion donne un nouvel élan à l’étude de l’Egypte ancienne.
L’archéologie naissante, qui se constitue peu à peu en discipline scientifique, permet d’exhumer de nombreux vestiges jusqu’alors inaccessibles, dont le Grand temple de Ramsès II à Abou Simbel et des tombeaux de la Vallée des Rois.
Certains archéologues britanniques, italiens, germaniques ou encore suisses font des découvertes importantes pour la discipline.
Mais les savants français sont particulièrement nombreux à s’engouffrer dans la brèche ouverte par Champollion, à tel point que l’archéologue Ernest Desjardins va jusqu’à qualifier l’égyptologie en 1863 de « science créée par un Français […] qu’il nous est permis de considérer aujourd’hui comme une science vraiment nationale » grâce aux importantes contributions françaises.
Les Français œuvrent non seulement pour la compréhension du monde égyptien antique mais également pour sa sauvegarde. Prenant pour modèle l’Institut de France, Napoléon Bonaparte avait déjà fondé en 1798 l’Institut d’Egypte, académie savante. Un demi-siècle plus tard, c’est à Auguste Mariette, conservateur-adjoint au Louvre, que l’on doit la fondation de deux institutions égyptiennes de premier plan : le Service de conservation des Antiquités égyptiennes et le musée de Boulaq, ancêtre du musée du Caire.