



Après plusieurs décennies de mystère, l’identité du propriétaire de la tombe Kampp 23, située dans la nécropole d’Assasif sur la rive occidentale de Louxor, a enfin été révélée. Grâce aux travaux conjoints d’une mission archéologique égypto-canadienne, issue d’un partenariat entre le Conseil suprême des antiquités et l’Université de l’Ontario, les chercheurs ont pu attribuer la sépulture à un haut dignitaire de l’époque ramesside : Amounemès, ancien maire de Thèbes.
La tombe, découverte dans les années 1970 mais jamais explorée en profondeur, n’avait jusqu’alors livré aucune information précise sur son propriétaire. C’est à l’occasion des dernières fouilles que son nom et plusieurs de ses titres ont été identifiés. Selon les inscriptions mises au jour, Amounemès occupait la prestigieuse fonction de gouverneur de Thèbes, et probablement bien d’autres responsabilités encore à élucider.
Le ministre du Tourisme et des Antiquités, M. Chérif Fathy, s’est félicité de cette avancée scientifique, soulignant qu’elle « illustre une nouvelle fois la fécondité des coopérations archéologiques internationales et le rôle central de l’Egypte dans la recherche patrimoniale mondiale ». Il a réaffirmé le soutien de l’État aux initiatives scientifiques visant à enrichir la connaissance du passé égyptien et à valoriser le pays sur la scène culturelle internationale.
Le Dr Mohamed Ismaïl Khaled, Secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, a précisé que cette mission est la première à intervenir directement dans la tombe depuis sa découverte. Les archéologues poursuivent l’étude des inscriptions murales et des éléments architecturaux pour approfondir leur compréhension du rôle et du parcours d’Amounemès dans l’administration pharaonique.
Par ailleurs, plusieurs titres tels que « conseiller royal », « père divin d’Amon », « percepteur des impôts » ou encore « chef des carrières lors de la mission royale de Ramsès IV vers le Ouadi Hammamat » ont été retrouvés dans d’autres sites de la région. Toutefois, les spécialistes hésitent encore à établir un lien formel entre ces titres et le propriétaire de Kampp 23, d’autant que le nom Amounemès semble avoir été porté par plusieurs hauts fonctionnaires à différentes époques.
Du côté canadien, la Dre Casey L. Kirkpatrick, responsable de la mission, a exprimé son enthousiasme face à ces découvertes prometteuses et espère que les futures campagnes permettront de lever les derniers doutes entourant l’identité du défunt.
Selon M. Abdel Ghaffar Wagdi, chef de la mission pour la partie égyptienne, les fouilles ont également révélé des signes d’un réemploi ultérieur de la tombe. Des fragments de plâtre coloré recouvrant les reliefs, ainsi que des éléments hétérogènes autour de l’entrée principale et quelques objets funéraires — notamment des figurines d’oushebtis — suggèrent que le site a été rouvert et utilisé à une date postérieure.
La tombe Kampp 23 se distingue par son architecture taillée dans le roc, un patio ouvert bordé sur trois côtés par des vestiges de murs en briques crues, et un pylône massif à l’est. Deux niches creusées dans les murs encadrent son entrée. Son plan en forme de T, typique des sépultures de l’époque ramesside, comprend un couloir menant de la chapelle funéraire à la chambre de sépulture, avec plusieurs statues sculptées dans le roc ornant la salle transversale et la chapelle.
Cette découverte enrichit significativement notre compréhension des élites de l’Egypte ancienne et souligne l’importance de poursuivre l’étude méthodique de ces sites archéologiques, dont les révélations ne cessent d’émerveiller le monde scientifique et le grand public.