Face à la menace russe, la Commission européenne veut muscler les capacités de défense sur le continent. Bruxelles a proposé hier mardi de financer une partie des achats d’armes décidés en commun par les 27, comme cela a déjà été fait pour les munitions.
“La menace d’une guerre n’est peut-être pas imminente mais elle n’est pas impossible”, a plaidé la semaine dernière à Strasbourg la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen, appelant les Européens à se “réveiller de toute urgence”.
Il est donc essentiel, a-t-elle insisté, de “reconstruire (…) et de moderniser les forces armées des 27”, après des décennies de coupes budgétaires dans le sillage de la fin de l’Union soviétique au début des années 1990.
La guerre en Ukraine a contraint Bruxelles à innover et la stratégie européenne de défense, que devait présenter hier mardi le commissaire européen Thierry Breton, s’inspire de certains des mécanismes mis en place dans l’urgence, dont le programme Asap d’achats de munitions.
Ce programme va permettre, selon Thierry Breton, de porter à deux millions d’obus la capacité annuelle de production européenne en 2025, contre moins du quart de ce nombre avant l’invasion russe de l’Ukraine déclenchée le 24 février 2022.
“Nous le faisons dans les munitions d’artillerie, nous devons désormais le faire sur l’ensemble des équipements nécessaires à notre sécurité”, a plaidé l’ancien ministre français.
La Commission européenne propose donc de favoriser les acquisitions en commun d’armes, produites dans l’Union européenne. Car depuis l’invasion de février 2022, près de 70% des armements achetés par les Européens pour aider Kiev proviennent des Etats-Unis, a souligné un responsable européen sous couvert d’anonymat.
Le but est de rattraper le retard et de rendre l’industrie européenne aussi compétitive que sa rivale américaine. Bruxelles allait donc proposer aux 27 un “mécanisme européen” de ventes d’armes proche du modèle américain.