Aussi clair qu’un ciel dégagé, Al-Tobgui ressemble à un puits de sagesse, et se distingue par une bonté et une gentillesse qui rappelle celles de nos aïeuls. Son parcours artistique peut se résumer en un mot : il s’est rendu au théâtre des guignols pour fabriquer l’une des marionnettes et il n’en est jamais sorti depuis 30 ans. Ainsi, a-t-il réalisé aussi bien son rêve que des exploits. Des exploits, il y en a certes puisqu’il a déjà obtenu l’un des plus grands prix en Bulgarie pour une œuvre en poterie. Ladite poterie ressemble à un autobus en Egypte plein d’êtres humains et devient une seule masse compacte. Il s’agit d’un grand prix qui a été célébré partout dans le monde. A l’occasion de sa participation à une exposition à la galerie Demi à Zamalek, le Progrès Egyptien l’a interviewé. Autour de ces débuts, notre artiste a dit : « Je suis né dans le quartier de Hadayek Al-Maadi et j’ai grandi entouré de gens simples originaires majoritairement de la Nubie.
Je me rappelle que ma mère rassemblait les gens pour leur préparer des plats nubiens (comme les poissons). Tout le monde autour de moi était dans un état de satisfaction et de paix intérieur. L’amour et la fraternité étaient des facteurs en commun. Dans ce quartier, j’ai eu la chance de grandir entourer de chanteurs des chants religieux à l’occasion du Mouled Al-Nabawi (la Naissance du Prophète Mohammed) avec leurs drapeaux verts et noirs. Ils avancent dans des groupes qui font l’éloge de Dieu et du Prophète. Et, les gens leur donnaient de l’argent et des aliments. Tout cela a énormément contribué à me marquer ». Autour de ces études, il a expliqué avec beaucoup de passion : « J’ai ensuite fait mes études à la Faculté des BeauxArts au département de sculpture. J’ai été également passionné par les marionnettes, le rêve de ma vie était de vivre parmi ces guignols. Je dois dire que le hasard avait son mot à dire pour ma carrière : je suis allé au théâtre par hasard. Il y avait une spécialiste de décor qui voulait apprendre à conduire, son formateur me connaissait et il m’a introduit auprès d’elle.
Elle m’a donné une chance de travailler dans le théâtre. Quand j’ai réussi, elle m’a aidé alors à y passer toute ma vie ». Et de renchérir : « J’ai travaillé pour près de 34 ans au théâtre. Tout a commencé en 1987 dans un spectacle qui porte le nom « Nous avons choisi pour toi » mis en scène par Mohamed Chaler, et ma dernière pièce de théâtre portait le nom de « Station d’Egypte » et jusqu’à présent, elle est présentée au public. Je reconnais avoir appris beaucoup de choses à la Faculté, mais ma vraie expertise s’est développée lorsque j’ai commencé un atelier de poterie. C’est là que j’ai appris à les fabriquer, à les mettre au four, comment régler la température du four de poterie de sorte à éviter d’ endommager les œuvres qui peuvent facilement se briser. Et, ma vraie passion c’est le moment où je vois une œuvre sortir du four ».
En ce qui concerne les caractéristiques de ses œuvres, il a dit : « Mes œuvres expriment une sorte de jovialité. Peut-être cela est-il dû à mes origines nubiennes. Nous les Nubiens, cherchons constamment le bonheur. Je crois aussi que chaque profession a un impact sur les personnes. Par exemple, j’ai un ami qui travaille aux chemins de fer et je dois dire que l’entrée de sa maison ressemble à une entrée de train.