Parfois, il suffit d’un regard complice, d’un mot bien placé, ou d’un simple geste pour déplacer des montagnes. Mais quand tout cela se conjugue à deux, à trois, à cent… alors même les lions peuvent trembler. En Égypte, on ne plaisante pas avec la coopération — elle est la marraine de toutes les vertus, la fée bienveillante des contes populaires, et la baguette magique des jours difficiles.
Dans le grand théâtre de la sagesse populaire, les Égyptiens ont toujours su que, pour bien vivre, il faut bien s’entourer. Et pour le prouver, ils n’ont pas besoin de longs discours : un florilège d’expressions bien senties suffit à rappeler que l’union ne fait pas seulement la force… elle fait aussi le pain, la paix, et parfois même le thé à la menthe.
“Id al id” – main sur main,
Ou quand deux mains valent mieux qu’une. Dans cette expression au charme simple, on comprend que les efforts conjugués, même modestes, deviennent puissants quand ils sont partagés. Parce qu’un seul doigt, aussi musclé soit-il, ne peut pas tenir une louche !
“Ay hagah motabadala bitastamer” – ce qui est mutuel dure longtemps,
Dans la vie, les relations à sens unique ont une espérance de vie aussi courte qu’un sucre dans le café. Pour durer, il faut donner et recevoir. La coopération, ici, devient une danse bien rythmée, à deux ou plus, où chacun connaît ses pas, mais veille toujours à l’harmonie du tout.
Proverbes
“El qofa elly bewdnein yechiloha etnein” – la corbeille à deux anses se porte à deux,
Et pas besoin d’avoir étudié l’ingénierie pour le comprendre. Le panier en paille, symbole humble de la vie quotidienne, devient ici l’emblème d’une vérité universelle : tout fardeau partagé est allégé.
“Id liwahdaha ma teskafch” – une main seule ne peut applaudir,
Un proverbe qui claque des mains… mais seulement à deux ! Parce qu’aussi agile qu’elle soit, une main solitaire ne fera que battre le vide. Le succès, l’amitié, même une simple blague, ont besoin d’un écho. Il faut être au moins deux pour que la musique commence.
“El naml iza igtamaa entassar ala el sab’ee” – les fourmis unies triomphent du lion,
Dans cette perle de la langue classique arabe, la leçon est limpide : ce n’est pas la taille qui compte, mais le nombre et la coordination. Même le roi des animaux n’a qu’à bien se tenir si les fourmis s’organisent. Et franchement, elles n’ont pas besoin de rugir pour se faire entendre.
“El rafiq qabl el tarik” – choisis ton compagnon avant le chemin,
Un dernier conseil, pour la route : avant même de tracer ton itinéraire, assure-toi que celui qui marche à tes côtés saura te tendre la main quand tu trébucheras, rire quand tu râleras, et partager la dernière gorgée d’eau dans le désert. Car avec le bon partenaire, même un chemin semé d’embûches devient une aventure inoubliable.
Alors cette semaine, chers lecteurs, mettez votre main dans celle d’un ami, d’un collègue ou même d’un voisin ronchon. Parce qu’au fond, c’est en coopérant qu’on vit mieux… et qu’on rit plus.