Dans une ère où l’information circule à une vitesse fulgurante, il est devenu crucial pour les citoyens de se tenir informés des événements qui les entourent. Cependant, une tendance croissante de méfiance envers les médias traditionnels émerge. Cette défiance soulève des questions sur les préférences des citoyens quant aux sources d’informations auxquelles ils peuvent se fier…Débat.
Par : Hanaa Khachaba
Cette défiance, si elle n’est pas nouvelle, s’est exprimée de manière particulièrement virulente et manifeste à l’éclatement du conflit entre le Hamas et Israël. De plus en plus de gens à travers le monde ont commencé à y voir clair. Persuadés que les médias traditionnels sont pour la plupart biaisés, ils se tournent vers d’autres sources d’informations qui, selon eux, transmettent les faits tels qu’ils sans y ajouter leur propre teinte.
Effectivement, une des raisons principales de cette défiance est le sentiment que les médias classiques ne sont pas impartiaux et qu’ils véhiculent des opinions partiales. Les citoyens expriment leur frustration face à une couverture médiatique qui semble influencée par des intérêts politiques ou économiques. Cette méfiance conduit certains individus à rejeter les médias traditionnels au profit de sources alternatives. La presse écrite, la radio et la télé sont mises sur la sellette.
Les nouvelles technologies ont permis l’émergence de nouveaux médias, tels que les plateformes de réseaux sociaux, les blogs ou les sites d’actualités en ligne. Ces nouvelles sources d’informations offrent une diversité de points de vue et une interaction directe entre les citoyens eux-mêmes. De plus en plus de personnes se tournent vers ces médias alternatifs pour obtenir une perspective différente sur les événements. Cependant, il est important de considérer les risques inhérents à ces médias alternatifs. Ils ne sont pas soumis aux mêmes exigences de rigueur et de vérification que les médias traditionnels. Ils peuvent donc véhiculer des informations erronées, voire même de la désinformation. Les citoyens doivent donc faire preuve de discernement et de sens critique lorsqu’ils consultent ces sources.
D’autres préfèrent adopter une approche plus équilibrée en combinant les médias traditionnels et les médias alternatifs. Ils reconnaissent l’importance du journalisme professionnel, tout en étant conscients de ses limites. En s’appuyant sur diverses sources d’informations, ils peuvent élargir leur perspective et évaluer les événements de manière plus critique. Face à cette méfiance grandissante envers les médias, il est essentiel que les médias traditionnels prennent des mesures pour restaurer la confiance du public. L’objectivité, la transparence et l’attention portée à la diversité des opinions sont des éléments clés pour reconstruire la crédibilité des médias.
Si l’on observe que la défiance progresse et aucun type de médias n’est épargné, quelles seront donc les solutions pour inverser la tendance et réconcilier les citoyens et les médias ?
La défiance est au plus haut, et tous les médias –radio, télé, presse écrite, internet- sont concernés. Il serait imprudent de n’y voir qu’un phénomène conjoncturel. Le recul de la confiance s’inscrit dans le temps long. Une tendance de fond, sans réponse satisfaisante pour l’instant. Cette rupture entre les journalistes et le public ne tient pas non plus à un moindre intérêt pour l’information. « Un journal où il n’y aurait que des bonnes nouvelles ne seraient pas une bonne offre d’informations au public. Dans l’actualité, il y a de très belles choses et il y a des choses très préoccupantes. C’est vrai que le rôle des journalistes, c’est d’apporter des nouvelles, ce qui est nouveau. Généralement, ce qui est nouveau crée une rupture. Ce sont souvent des événements dramatiques », indique Guillaume Goubert, directeur du journal La Croix.
Rappelons que l’année 2023 est marquée par une croissance du nombre des Egyptiens qui suivent l’actualité avec intérêt. Les plus âgés se montrent particulièrement intéressés par l’actualité tandis que les plus jeunes sont davantage en retrait.
Ce constat pourtant clair, de plus en plus d’Egyptiens disent ainsi s’intéresser davantage à l’actualité, n’empêche pas qu’une forme de fatigue informationnelle ou de détournement de l’actualité s’exprime chez une partie des Egyptiens qui étaient devenus des médiavores après deux années marquées par le Covid, les événements qui ont marqué l’année 2022 et notamment la guerre en Ukraine, la flambée du dollar face à la livre égyptienne et ses répercussions sur leur vie quotidienne et enfin le conflit entre Israël et le Hamas qui a amené la cause palestinienne au centre de l’intérêt de la planète.
Pour rester informés sur l’actualité, les Egyptiens ont eu recours à de nombreux médias différents et fréquemment. Sur une liste de 15 différents médias, les Egyptiens en utilisent en moyenne 3,7 chaque jour et 6,4 au moins plusieurs fois par semaine.
Les « médias traditionnels » restent, à cet égard, incontournables : 71% des Egyptiens disent ainsi s’informer tous les jours via la télévision, 49% par la presse (que ce soit sous format papier ou numérique), 39% par la radio.
Parallèlement, 36% des Egyptiens disent s’informer tous les jours par les réseaux sociaux. Quand on demande aux Egyptiens quel est le média qu’ils privilégient pour être informés, les journaux télévisés (cités par 35%) arrivent largement en tête devant les chaînes d’information en continu (18%), la radio (8%) et les réseaux sociaux (6%). A noter que chez ceux qui disent s’intéresser très peu à l’actualité, les réseaux sociaux sont bien davantage cités (17%) juste derrière les journaux télévisés (24%).
En conclusion, la défiance envers les médias traditionnels pousse les citoyens à rechercher des sources d’informations alternatives. Certains se tournent vers les médias sociaux et les blogs pour obtenir une perspective différente, tandis que d’autres privilégient une approche plus équilibrée en combinant les médias traditionnels avec des sources alternatives. Quelle que soit l’option choisie, il est primordial pour les citoyens de rester vigilant et de développer leur esprit critique afin de s’informer de manière éclairée.
