L’Égypte est un pays qui s’intéresse à collecter les équipements culturels de ses grandes icônes dans des musées prestigieux. C’est un geste de reconnaissance pour ses grandes personnalités pour perpétuer leurs travaux et leurs contributions.
Nous trouvons ainsi des musées pour des leaders politiques comme le Musée Gamal Abdel Nasser et la Maison Saad Zagloul de la Nation, des musées pour des musiciens et chanteurs comme le Musée Abdel Wahab et le Musée Oum Koulthoum, pour des artistes comme le Musée Mahmoud Khalil, et pour des écrivains comme le Musée Naguib Mahfouz.
A l’occasion de la commémoration de la mort du Prix Nobel de littérature 1988, fin août, nous visitons aujourd’hui le Musée Naguib Mahfouz. Allons-y…
S’il est un mot qui revient fréquemment dans son œuvre, c’est bien «Al-Houb» (L’Amour) que Naguib Mahfouz dépeint par touches avec une grande délicatesse. Son ton inimitable tient sans doute à la façon dont il arrive à relater les aventures intimes au sein du flux collectif des habitants du Caire. La carrière littéraire de Naguib Mahfouz se confond avec l’histoire du roman moderne en Égypte et dans le monde arabe. Il incarne un âge d’or de la culture égyptienne, celle des années 1950 et 1960, quand le pays rayonnait sur tout le monde arabe. Dans les passages et les ruelles qu’il a racontés, le souvenir de l’écrivain est encore vivace. Au tournant du XXe siècle, le roman arabe fait ses premiers pas dans une société et une culture qui découvrent ce genre littéraire à travers la traduction des romans européens du XIXe siècle. Pour autant, pour Naguib Mahfouz, une société aussi forte et aussi ancienne que la société égyptienne, ayant conservé des traditions millénaires tout en se modernisant, peut s’approprier et intégrer, sans crainte, quelques aspects de la culture occidentale. Car cet écrivain s’est mis surtout, dans son œuvre, à l’écoute de ce peuple égyptien, de ses aventures intimes comme de son histoire. Son musée est d’une grande importance vu qu’il renferme les outils culturels d’un écrivain sans pareil. Le Musée Naguib Mahfouz est abrité dans un beau bâtiment du XVIIIe siècle, en plein cœur du quartier islamique du Caire. À proximité de la maison dans laquelle est né l’auteur en 1911 et où se déroulent la plupart de ses romans et nouvelles. Le projet de rénovation a été lancé en septembre 2016 et s’est achevé en juillet 2019 pour un coût total de 15,4 millions de LE. Le musée était logé dans le bâtiment historique Tekeyet Abul Dahab et se compose de deux étages. Le musée comprend une salle de séminaire, une bibliothèque publique, une bibliothèque audiovisuelle et une critique qui contient d’importantes études et recherches sur les œuvres de Naguib Mahfouz.
Cela s’ajoute aux salles des médailles et certificats qui lui ont été décernés, ses effets personnels, ses papiers personnels, ses livres et ses photos. Ces salles, qui comprenaient une salle de cinéma, portent des noms indicatifs des œuvres de Mahfouz. En outre, le fonds du musée a été remis au ministère de la Culture début 2011 et comprend des objets intimes tels que deux stylos donnés à Mahfouz par son ami, le grand écrivain Tawfiq Al-Hakim, ainsi que les vêtements de Mahfouz, sa montre, ses lunettes, des lentilles de lecture, des accessoires pour le rasage de la barbe, un chapelet et un morceau de pierre du mur de Berlin.
Visites gratuites
A noter que la ministre égyptienne de la Culture Dr Inas Abdel Dayem a autorisé les visites gratuites du Musée Naguib Mahfouz à partir du 30 août et pendant une semaine, à l’occasion du 15e anniversaire du décès du grand écrivain Naguib Mahfouz. Le chef du secteur du Fonds de développement culturel, Fathi Abdel Wahab, a déclaré que le secteur organisera de nombreux événements avec l’inauguration de la Bibliothèque des écrivains Nobel en présence de l’ambassadrice de Colombie au Caire Anna Melina Menios, qui consacrera quelques livres des œuvres du Nobel colombien Gabriel García Márquez au musée. Une exposition de caricatures intitulée “Naguib Mahfouz aux yeux des caricaturistes” a été inaugurée, en collaboration avec l’Association égyptienne de la caricature. Il comprend 40 caricatures de différents pays du monde et se déroulera jusqu’au 9 septembre.
«Dans l’amour de Naguib Mahfouz»
Sur un autre plan, le projet « 6 Bab Sharq » de l’Institut allemand Goethe organise un programme intitulé «Dans l’amour de Naguib Mahfouz». Il a commencé le 4 septembre et se poursuit jusqu’au 20 novembre. Le programme vise à fournir aux participants des outils de lecture critique utilisant les œuvres de Mahfouz, en se concentrant sur l’analyse de ses écrits et en faisant refléter cela sur les théories de la critique littéraire. Le programme retrace la structure du style d’écriture de Naguib Mahfouz, son évolution et sa transition du roman classique influencé par les normes classiques européennes au roman autobiographique.
Années mémorables dans la vie de Mahfouz
1911 : Naissance à Khân Al-Khalili, quartier populaire au cœur du Caire islamique.
1920-1930 : Commence à écrire à 17 ans. Il publiera son premier roman, La Malédiction de Râ, en 1939.
1950 : Commence la Trilogie du Caire, qui sera publiée en 1956-1957.
2006 : Mort au Caire à 94 ans. Il est l’auteur de 50 livres.