Dans un contexte mondial marqué par l’expansion fulgurante des réseaux sociaux, l’Égypte réaffirme son engagement en faveur d’un usage responsable du numérique. Face à la montée de certains contenus jugés inappropriés, notamment sur TikTok, les autorités ont renforcé leurs efforts pour encadrer les pratiques numériques dans le respect des valeurs culturelles et morales de la société.
Par Marwa Mourad
Cette initiative ne vise pas la répression mais la préservation de l’éthique sociale, de la cohésion familiale et du respect des lois en vigueur, tout en accompagnant les jeunes dans un usage plus conscient et constructif des plateformes.
Une campagne pour un Internet plus sain
Depuis plusieurs mois, une campagne baptisée « Nettoyons les réseaux » a émergé sur les médias sociaux, relayée par de nombreux citoyens préoccupés par la banalisation de contenus à caractère vulgaire ou provocant. Dans cette optique, plusieurs créateurs de contenus actifs sur TikTok ont été interpellés par les autorités, non pas pour les faire taire, mais pour les sensibiliser à l’impact sociétal de leurs publications.
Certains d’entre eux, issus de milieux modestes, ont vu leur audience exploser en ligne. Cependant, des vidéos jugées indécentes ou contraires aux principes moraux ont soulevé des plaintes publiques. Les procédures engagées visent à rappeler que la liberté d’expression n’exclut pas la responsabilité.
Les autorités ont assuré que toute action reste encadrée par la loi, notamment la législation sur la cybercriminalité de 2018, qui interdit les atteintes aux valeurs de la famille égyptienne et à la dignité publique.
Dialogue et régulation avec les plateformes
Ce mouvement ne se limite pas à des mesures judiciaires. Des rencontres officielles ont été menées avec les représentants régionaux de TikTok, dans un esprit de coopération. Objectif : renforcer les systèmes de modération des contenus et mieux adapter les algorithmes aux spécificités culturelles égyptiennes.
Selon des sources parlementaires, TikTok a exprimé sa volonté de collaborer avec l’État pour protéger les mineurs, lutter contre les incitations à la violence ou à la vulgarité, et promouvoir une utilisation éducative et respectueuse de la plateforme.
Le ministère des Télécommunications et celui de l’Intérieur ont souligné l’importance de construire un environnement numérique sécurisé, moralement sain et culturellement enraciné, tout en permettant l’innovation et la liberté de création.
Un cap clair : Responsabiliser, pas censurer
L’Égypte ne cherche pas à freiner la créativité de sa jeunesse. Au contraire, les autorités soutiennent les initiatives artistiques, culturelles ou entrepreneuriales qui émergent en ligne. Plusieurs influenceurs et influenceuses engagés dans la promotion de la langue arabe, du patrimoine, de la science ou de l’art traditionnel bénéficient d’un fort soutien public.
Des institutions éducatives encouragent aussi les élèves à utiliser les réseaux sociaux comme outils pédagogiques. Ce modèle prouve que l’innovation et le respect des valeurs peuvent coexister, et même s’enrichir mutuellement.
Le message adressé à la jeunesse est clair : les réseaux sociaux sont un levier puissant, mais leur puissance doit être guidée par l’éthique, l’intelligence collective et l’amour du pays.
Une vision moderne et enracinée
En menant cette action équilibrée entre prévention, régulation et coopération, l’Égypte affirme son rôle de leader régional dans la gestion éthique du numérique. Elle montre que l’adaptation aux mutations technologiques peut se faire sans abandonner ses principes ni sa culture.
À l’heure où les contenus viraux redéfinissent les normes sociales, le pays choisit une voie responsable : protéger ses citoyens, accompagner ses jeunes, et façonner un espace numérique digne de ses aspirations.
———
Cadre
Encadrer l’influence numérique
De l’Europe à l’Amérique du Nord, les gouvernements resserrent l’encadrement des réseaux sociaux pour mieux protéger les mineurs, garantir la transparence des contenus sponsorisés et responsabiliser les plateformes. L’Égypte s’inscrit ainsi dans une tendance internationale de régulation.
Des enfants influenceurs sous protection
Aux États-Unis, plusieurs États ont adopté des lois pionnières visant à protéger les “kidfluencers”, ces enfants stars des réseaux sociaux. Inspirées de la loi Coogan, ces mesures imposent aux parents créateurs de contenu de réserver une partie des revenus générés à leurs enfants jusqu’à leur majorité. Ces enfants auront également le droit de demander le retrait de vidéos qui nuisent à leur image.
L’Irlande va dans le même sens en envisageant une législation sur le temps d’exposition numérique, la rémunération des mineurs et leur droit à la vie privée. Ces réformes traduisent une prise de conscience mondiale face à la monétisation précoce de l’image des jeunes.
L’Europe impose la transparence
L’Union européenne a renforcé son arsenal législatif avec le Digital Services Act, entré en vigueur en 2024. Ce règlement oblige les plateformes comme TikTok à rendre publics leurs algorithmes, à modérer activement les contenus illicites et à signaler les publicités ciblées. En 2025, TikTok a été sommé par Bruxelles de se conformer rapidement sous peine d’amendes atteignant 6 % de son chiffre d’affaires mondial.
L’Australie et l’Inde durcissent le ton
L’Australie interdit désormais l’inscription des mineurs de moins de 16 ans sur les réseaux sociaux sans accord parental. En Inde, certaines entités locales de TikTok ont été dissoutes pour des motifs de sécurité nationale. Partout, l’objectif est le même : encadrer l’influence sans freiner l’expression créative.
Cette vague de régulations internationales démontre qu’un équilibre est possible entre innovation numérique et préservation des valeurs sociales. L’Égypte, à travers sa politique proactive, participe à cet effort mondial pour bâtir un Internet plus responsable.