Une mission archéologique égyptienne opérant sur le site de Tell el-Kharrouba, dans la région de Cheikh Zouweid au nord du Sinaï, a mis au jour une forteresse militaire remontant au Nouvel Empire. Cette découverte, l’une des plus vastes et importantes sur la Route d’Horus, se situe à proximité du littoral méditerranéen et constitue une avancée majeure dans la compréhension du système défensif de l’Égypte ancienne.


Ce nouveau site vient confirmer le génie stratégique des souverains du Nouvel Empire, qui ont érigé un réseau de fortifications et de bastions le long des frontières orientales pour protéger le territoire égyptien et sécuriser les routes reliant l’Égypte à la Palestine antique.
Le ministre du Tourisme et des Antiquités, M. Chérif Fathi, a salué cette découverte comme « une illustration concrète de l’ingéniosité de l’Égyptien ancien dans la construction d’un système défensif intégré pour protéger la terre d’Égypte ». Il n’a ajouté que ce site « raconte un nouveau chapitre de notre glorieuse histoire militaire et renforce le statut du Sinaï comme terre de patrimoine et de civilisation ».

De son côté, Dr Mohamed Ismaïl Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités, a souligné que cette forteresse monumentale constitue une étape clé dans la reconstitution du réseau défensif égyptien à l’époque du Nouvel Empire. « Chaque forteresse que nous découvrons ajoute une pièce au puzzle de l’organisation militaire et défensive de l’Égypte pharaonique, prouvant que notre civilisation ne se limitait pas aux temples et aux tombeaux, mais reposait aussi sur un État fort et structuré », a-t-il expliqué.
Les fouilles ont révélé une section du mur sud de la forteresse, longue de 105 mètres et large de 2,5 mètres, avec une entrée secondaire de 2,20 mètres et onze tours défensives mises au jour jusqu’à présent. Le bastion nord-ouest et une partie des murs nord et ouest ont également été dégagés, malgré les difficultés posées par les dunes mouvantes qui recouvraient le site.
Selon M. Mohamed Abdel-Badia, chef du secteur des antiquités égyptiennes, la mission a également découvert un mur en zigzag long de 75 mètres sur le flanc ouest, divisant la forteresse du nord au sud et entourant une zone résidentielle destinée aux soldats — un modèle architectural typique du Nouvel Empire, reflétant la capacité des anciens Égyptiens à s’adapter aux conditions environnementales extrêmes.
Les archéologues ont aussi retrouvé de nombreux fragments de poterie, dont certains dépôts de fondation datant du règne de Thoutmosis Ier, ainsi que des pierres volcaniques importées des îles grecques, un four à pain de grande taille et des restes de pâte pétrifiée, preuve que la forteresse servait de centre de vie autonome pour les troupes.

Dr Hecham Hussein, directeur central des Antiquités du Delta, a indiqué que les premières études montrent plusieurs phases de restauration et de modifications dans la structure, notamment dans la conception de l’entrée sud. La mission espère poursuivre les fouilles pour dégager le reste des murailles et des bâtiments associés, et retrouver le port militaire qui aurait desservi la forteresse à proximité du littoral.
La nouvelle citadelle couvre une superficie d’environ 8 000 m², soit trois fois celle de la forteresse découverte sur le même site dans les années 1980, située à quelque 700 mètres plus au sud-ouest. Ce site s’ajoute à la série de fortifications déjà identifiées le long de la Route d’Horus, notamment Tell Heboua, Tell el-Borg et Tell el-Abiad, toutes datées du Nouvel Empire.
Ainsi, cette découverte vient enrichir la carte des “Forteresses de l’Est”, témoignant de la maîtrise militaire et architecturale de l’Égypte ancienne, et redonnant vie à une page fascinante de l’histoire du Sinaï, gardien des frontières et carrefour des civilisations.





