Par: Marwa Mourad
Le prix littéraire des Rencontres Écossaises 2025 a dévoilé la liste de ses finalistes. Parmi les 12 ouvrages retenus, un seul lauréat sera dévoilé le 11 octobre 2025 lors des 41ᵉ Rencontres Écossaises, au Centre de Congrès Jean-Monnier à Angers. Le Progrès Egyptien vous présente là-dessous 4 ouvrages. Créé en 2022 en partenariat avec le site littéraire La Griffe, le prix littéraire des Rencontres Écossaises distingue des œuvres publiées entre le 1ᵉʳ avril 2024 et le 31 mars 2025 autour de thématiques liées à l’ésotérisme, la spiritualité ou la philosophie.
Alice au pays des idées
La jeune Alice s’inquiète pour son avenir et celui de la planète. Alors qu’elle cherche un mantra ou une phrase pour la guider, elle bascule dans le monde des idées. Avec l’aide de nombreux personnages fantaisistes, elle navigue dans cet univers symbolique et découvre les principaux courants de pensée de l’histoire.
Comme l’espérance est violente
“Je crois à tout ce qui nous élève et nous rassemble. Je sais qu’il n’est pas besoin de se ressembler pour se rassembler : ce qui importe, c’est d’avoir assez en commun. C’est-à-dire en partage. C’est-à-dire aussi assez d’ambition pour désirer faire ensemble société. Mais il n’y a pas de foi, ni de savoir, sans espoir. Ou, plus exactement, sans espérance : “Comme la vie est lente. Et comme l’espérance est violente”, disait le poète du Pont Mirabeau. Et comme il avait raison, Guillaume Apollinaire. N’est-il pas l’écho de la parole prophétique de Jérémie, qui nous assure avenir et espérance ? La vie qui fait Histoire sous nos yeux paraît irrémédiablement lente, malgré ses sursauts, ses crises et ses à-coups. Un pays ne se réinvente qu’au long cours. Les révolutions n’apparaissent telles qu’au prisme du temps, qui racontera tout ce qui les préparait. Vienne la nuit, sonne l’heure, les jours s’en vont, nous demeurons : la France. Ce n’est donc pas de la violence des révolutions que je voudrais vous entretenir dans ce livre, mais de la seule qui vaille la peine d’être considérée : celle de l’espérance.”
Descartes, Le miroir aux fantômes
Pourquoi retourner à Descartes aujourd’hui ? Robert Redeker nous convie ici à relire le premier philosophe à avoir écrit en français. Non pas pour adopter toutes ses thèses, mais bien pour retrouver son geste à la fois radical et fondateur : recommencer à philosopher. Il était temps de le faire. Il était temps de clore enfin la parenthèse de la déconstruction et de ses enfants terribles, qui influent sur tous les débats politiques et sociétaux d’aujourd’hui. Il était temps de revenir au doute, sans l’ériger en système, mais pour l’employer en méthode de quête du savoir. À la racine du propos cartésien gît une foi inébranlable en la vérité. Sur le champ de ruines de la pensée moderne, place à la reconstruction ! Au-delà d’un Descartes suivi, puis adulé, statufié, puis critiqué, voici un Descartes complexe et souvent inattendu. Voici un Descartes qui dialogue avec ses successeurs, qui leur parle, qui nous parle. Par un maître, sur un maître, voici un ouvrage pour revenir à la source de la philosophie d’expression française. Philosophe, Robert Redeker est l’auteur d’une œuvre remarquée en France comme à l’étranger où plusieurs de ses livres ont été traduits, parmi lesquels les ouvrages majeurs que sont L’Éclipse de la mort et Les Sentinelles d’humanité. Il a publié récemment, aux Éditions du Cerf, L’abolition de l’âme.
Forger le faux : Les usages de l’écrit au Moyen Âge
Si les concepts de fake news et post-vérité semblent définir notre monde contemporain, le Moyen Âge n’était-il pas déjà l’empire du faux ? De la fausse donation de Constantin aux évangiles apocryphes, des fausses reliques aux faux monnayeurs, des milliers de fausses chartes aux comptabilités trafiquées, pourquoi la tromperie semble-t-elle régner à cette époque ?
À y regarder de plus près, le faux vécu et pratiqué au Moyen Âge, loin d’être homogène, n’épouse pas nos tranchantes certitudes contemporaines. Car ces dernières tirent leurs origines d’un long cheminement qui, du XVIIe au XIXe siècle, n’a laissé de place que pour le blanc et le noir, le vrai et le faux. Il faut abandonner la notion figée de « faux médiéval », pour porter l’attention sur les « régimes de faux » et de tromperie, de forges et de forgeries. Ces derniers révèlent un rapport au savoir et à l’écrit, ainsi qu’une conception du pouvoir étonnants. Les médiévaux cherchent davantage à forger leur vie et forcer leur destin qu’à falsifier stricto sensu des documents.
En ce début du troisième millénaire, le savoir connaît une révolution comparable, avec l’explosion du numérique qui s’accompagne elle aussi d’une viralité du faux. S’interroger sur sa constitution est en creux une manière d’éclairer ce qu’est le vrai. Une réflexion nécessaire, impérieuse.
Professeur en histoire médiévale à l’Université catholique de Louvain, Paul Bertrand s’intéresse aux cultures graphiques et textuelles médiévales. Il a notamment publié Les Écritures ordinaires. Sociologie d’un temps de révolution documentaire entre royaume de France et empire, 1250-1350 (Publications de la Sorbonne, 2015).