Cette fascination n’est pas neuve, elle “remonte déjà à l’Antiquité, avec les Romains qui sont les premiers à ramener des obélisques, puis ce sera avec la Renaissance qui à son tour s’approprie les formes égyptiennes.
A chaque période, les gens trouvent quelque chose dans l’Egypte qui leur parle, que ce soit le rapport à la mort, la dimension ésotérique, l’architecture ou l’art…
Et par rapport à d’autres civilisations, elle a l’avantage d’avoir de nombreux monuments relativement bien préservés (pyramides de Gizeh, tombes de la Vallée des rois…).
Souvent qualifiée de “passion française”, en référence à l’ouvrage de Robert Solé (1997), l’égyptophilie s’inscrit également dans une relation particulière entre les deux pays.
“La campagne de Bonaparte (1798-1801) était une mission militaire, avec à son bord des scientifiques et des artistes qui ont participé à une monumentale Description” de l’Egypte (10 volumes de textes et 13 de planches), rappelle Claire Somaglino, maître de conférence en égyptologie à la Sorbonne.
S’en est suivie une mode “égyptisante” qui a inspiré quelques années sculpteurs et architectes. Parmi les réalisations architecturales de ce style baptisé “retour d’Egypte”, figurent notamment les sphinx de la place du Châtelet, à Paris.
Recyclées et transformées, les figures de l’Egypte antique vont peu à peu se mêler à d’autres courants artistiques, assurant leur pérennité jusqu’à nos jours.
Il y a aussi une “familiarité car on montre souvent les mêmes images: les dieux à tête humaine, les pyramides, les sphinx et Néfertiti”, souligne l’universitaire Claire Somaglino.
Avide d’icônes, la pop culture s’est également emparée de Cléopâtre, femme de pouvoir à la beauté fatale et au sens politique aigu. Personnage fantasmé, la reine d’Egypte a donné naissance à plusieurs films dont celui avec Theda Bara en 1917 et celui avec Elizabeth Taylor en 1963, considéré comme un des films les plus chers de l’histoire.