Tout part de cette masse d’eau qui recouvre 70 % de la surface de la Terre : la vie, l’aventure, les échanges, la nourriture, l’imaginaire des poètes. Les civilisations s’y développent.
Les puissances s’y affrontent. Les déchets s’y déversent, rapporte le Monde diplomatique dans son édition Août –Septembre 2021. L’océan suffoque. Considérées par les dirigeants économiques tantôt comme une variable d’ajustement, les mers du monde absorbent année après année les résidus de la civilisation industrielle.
Le plastique est l’un des plus toxiques. Sa décomposition à la surface ravage faune et flore déjà fragilisées par la surpêche et les polluants divers. Chimiste de formation et amoureux de l’océan, le militant écologiste Charles Moore peut se réjouir d’avoir démâté, un jour de 1995, lors du voyage inaugural de son voilier de recherche l’Alguita. Désireux d’éprouver la solidité des réparations effectuées deux ans plus tard, il se lance dans une régate entre Los Angeles et Honolulu.
Au retour, il emprunte une route rarement usitée en traversant le gyre subtropical du Pacifique nord, un pot-au-noir bordé d’un tourbillon géant de courants enroulés dans le sens des aiguilles d’une montre (voir la carte). « Ce fut ma première rencontre avec la pollution plastique océanique — pas des déchets continus comme c’est désormais le cas, mais des morceaux égarés ici et là, explique M. Moore.
 
		




