Comme en vieillissant on multiplie forcément autant les bonnes que les mauvaises expériences, il est naturel et sage de devenir plus circonspect avec l’âge. Sinon, on serait idiot ! Cela ne signifie pas du tout que les vieux deviennent asociaux. En fait, instruits par l’expérience, ils deviennent à juste titre et avec raison, plus prudents. Le cercle des amis se rétrécit à mesure qu’on prend de l’âge, et surtout de l’expérience. Débat.
Par : Hanaa Khachaba
De moins en moins sociable ? Beaucoup n’y croient pas vraiment. En revanche, il est clair qu’avec l’âge on se laisse de moins en moins facilement abuser par de belles paroles. On est davantage prudent et méfiant, c’est le privilège de l’expérience qui nous rend de plus en plus clairvoyant et de moins en moins naïf.

Par ailleurs, avec l’âge, on devient moins timide, on ose davantage dire ce que l’on pense, on perd sa langue de bois, et on réfléchit avant de parler et s’engager dans une relation.
Avec l’âge, les préoccupations évoluent elles aussi et on ne court plus les mêmes chimères, comme la mode et les coutumes. On apprend petit à petit la liberté de penser et d’être en se fichant de plus en plus du regard des autres. On ose être soi, tout simplement ! Donc par la force des choses on ne plaît pas à tout le monde, mais on gagne en liberté d’action, est-ce là ce qui signifierait que l’on soit moins sociable ? Pourquoi certains auraient des droits qu’ils s’arrogent parce qu’ils sont égocentrés et intolérants tandis que d’autres seraient jugés d’être juste loyaux envers eux-mêmes, et juste libres de dire non à une amitié qui ne leur semble pas la bonne !

Cette évolution vers une plus grande authenticité et une liberté accrue dans l’expression de soi est souvent perçue à tort comme un repli sur soi ou une perte de sociabilité. Pourtant, il s’agit plutôt d’une transformation profonde de la manière dont on choisit d’interagir avec le monde. En vieillissant, on apprend à privilégier la qualité des relations plutôt que la quantité. Les amitiés deviennent plus profondes, plus significatives, et on n’hésite plus à se détourner des relations superficielles ou toxiques qui ne nous apportent rien de positif.
De plus, cette période de la vie est souvent marquée par une quête de sens et de paix intérieure. On cherche à s’entourer de personnes qui partagent nos valeurs et nos aspirations, et on ne craint plus de dire non à ce qui ne nous convient pas. Cette sélectivité n’est pas un signe d’insociabilité, mais plutôt une preuve de maturité et de sagesse. On comprend que le temps est précieux et qu’il est important de le consacrer à ce qui compte vraiment.

Enfin, il est essentiel de rappeler que chaque individu vieillit à sa manière. Certains peuvent effectivement devenir plus réservés avec l’âge, tandis que d’autres continuent à cultiver un large cercle social. L’important est de respecter ces différences et de comprendre que la sociabilité prend de multiples formes. Etre moins sociable ne signifie pas être moins heureux ou moins épanoui. Au contraire, cela peut être le signe d’une vie bien vécue, riche en expériences et en apprentissages, où l’on a appris à écouter ses propres besoins et à vivre en harmonie avec soi-même.

En somme, vieillir, c’est aussi apprendre à vivre en accord avec ses propres valeurs et à ne plus se laisser dicter sa conduite par les attentes des autres. C’est une libération qui permet de savourer pleinement chaque moment et de construire des relations plus authentiques et plus satisfaisantes. Alors, moins sociable ? Peut-être. Mais surtout, plus libre et plus vrai.