Sur fond de tensions aiguës autour de l’Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine exige publiquement des Occidentaux qu’ils renoncent à leur expansionnisme militaire en Europe de l’Est. (…) En massant 100 000 hommes à sa frontière avec l’Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine a-telle décidé de frapper un grand coup pour stopper l’avancée inexorable de l’Otan vers ses frontières depuis 30 ans ? La manœuvre, entamée en novembre, inquiète les Occidentaux, et au premier chef, les services de renseignement militaires américains qui y voient une tentative d’invasion imminente. (…) La Russie attend des Occidentaux des réponses aux exigences formulées le 17 décembre. Ces propositions de traité interdiraient aux ÉtatsUnis d’établir des bases militaires dans tous les pays d’exURSS non-membres de l’Otan et même de “développer une coopération militaire bilatérale” avec ces États.
Stopper l’élargissement de l’Otan
Encore plus important aux yeux de Moscou, tous les membres de l’Alliance atlantique s’engageraient à ne jamais plus élargir l’Otan et à ne mener aucune “activité militaire sur le territoire de l’Ukraine et dans d’autres pays d’Europe de l’Est, du Caucase du Sud et d’Asie centrale”. Avec ces demandes faites publiquement, ce qui est inhabituel dans le monde feutré de la diplomatie, la Russie dit haut et fort que sa sécurité est menacée par 30 ans d’élargissements successifs de l’Otan, la puissante alliance militaire entre Américains et Européens née de la guerre froide et de la confrontation avec l’URSS. Moscou fait de l’adhésion éventuelle de l’Ukraine une ligne rouge à ne pas franchir et exige des Occidentaux qu’ils renoncent à soutenir militairement les forces ukrainiennes qui, depuis 2014, affrontent les séparatistes pro-russes du Donbass, dans l’est du pays. À ce jour, le conflit a fait plus de 13 000 morts. Pour Arnaud Dubien, directeur de l’observatoire franco-russe à Moscou, “l’objectif de la Russie est de forcer les Occidentaux, et singulièrement les Américains, à la discussion qu’elle n’a jamais pu obtenir depuis 1991. Depuis l’effondrement de l’URSS, les Occidentaux considéraient que la Russie n’avait pas d’intérêt légitime au-delà de ses frontières (…) En effet, après la chute de l’URSS en 1991, les Occidentaux n’ont pas tardé à élargir leur influence militaire au-delà du rideau de fer. (…) En un peu plus de 20 ans, la Russie a assisté à l’entrée dans l’Otan de 14 pays qui, à divers degrés, ont été dans sa sphère d’influence pendant des décennies. Pendant ces années, Moscou a également assisté, impuissante, à l’intervention militaire décidée par les Occidentaux au Kosovo en 1999. (…) Puis, de façon beaucoup plus spectaculaire en Ukraine, avec l’annexion, en 2014, de la péninsule de Crimée (…) Le Kremlin a montré sa puissance de frappe diplomatique et militaire bien au-delà des pays voisins en intervenant en Syrie, en Libye, en Centrafrique et plus récemment au Mali.





