La Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe annoncent la sélection officielle du Prix de la littérature arabe 2022, avec huit ouvrages qui ont été présélectionnés et seront proposés au jury.
La sélection de cette 10ème édition met à l’honneur la grande richesse de la littérature arabe, à travers les romans d’écrivains et d’écrivaines issus de divers pays du monde arabe : l’Égypte, le Liban, le Maroc, le Soudan, la Syrie et la Tunisie.
Créé en 2013, le Prix de la littérature arabe est l’une des rares récompenses françaises distinguant la création littéraire arabe. Ce prix (doté de 10.000 €) promeut l’œuvre (roman ou recueil de nouvelles) d’un écrivain ressortissant de la Ligue arabe et auteur d’un ouvrage écrit ou traduit en français et publié entre le 1er septembre 2021 et le 31 août 2022.
Vivre à ta lumière
Trois moments dans la vie de Malika, une femme marocaine de la campagne. De 1954 à 1999. De la colonisation française à la mort du roi Hassan II.
Son premier mari est envoyé par les Français combattre en Indochine.
Dans les années 60, à Rabat, elle fait tout pour empêcher sa fille Khadija de devenir bonne dans la villa de Monique.
La veille du décès de Hassan II, un jeune voleur homosexuel, Jaâfar, entre chez elle et veut la tuer.
C’est Malika qui parle ici. Tout le temps. Elle raconte avec rage ses stratégies pour échapper aux injustices de l’Histoire. Survivre. Avoir une petite place.
Malika, c’est ma mère : M’Barka Allali Taïa (1930-2010). Ce livre lui est dédié.
Une chambre en exil
Un jeune réfugié syrien rêve de commencer une vie nouvelle en France, d’oublier un passé douloureux et de se sentir enfin à sa place. Une chambre à soi, est-ce un espoir illusoire pour un émigré ? Installé temporairement à Bobigny, ce qu’il voit, ce qu’il entend fait resurgir des bribes de ce qu’il a fui. Dans ce monde où se croisent d’éternels exilés, la complexité de leur rapport à la France se heurte au poids d’un islam radical. Attiré par sa voisine, Violette, jeune femme libre et volontaire qui le trouble, il se met à fréquenter un lieu dirigé par un imam politisé et doit affronter, en tant qu’Arabe, l’intensité de la banlieue et la nostalgie d’un pays natal qui n’existe plus. Politiques et victimes, dealers errants et fervents religieux, piliers de bar PMU et personnel de préfecture défilent dans le livre à travers les rencontres du narrateur, et son propre regard de Candide venu d’ailleurs.
La Noyade
Mai 1969, dans un petit village soudanais au bord du Nil. Le roman commence par la découverte dans le Nil du corps d’une adolescente que personne ne semble reconnaître. Les palabres autour de l’événement nous conduisent chez le maire, descendant d’une famille de notables en conflit ouvert sur le pouvoir local avec un autre clan du village, aussi riche et puissant. La femme du maire, Radiyya, se pose en gardienne des traditions, dont l’excision des filles, et maintient en esclavages ses domestiques en principe affranchis. C’est le cas de Fayet Niddo, mère de la belle ‘Abîr qui a été interdite de fréquenter l’école et qui, à treize ans, offre ses charmes sans renâcler à tous les hommes qui le lui demandent. Y compris le frère du maire qui lui promet sa protection …
La Voisine du cinquième
Kamal Achour, d’origine tunisienne, enseigne les mathématiques dans une université parisienne. Il a soixante ans et mène une vie bourgeoise avec sa femme française, Brigitte, dans un immeuble où les résidents sont de nationalités diverses et ont des occupations fort disparates. Au cinquième étage habite une Tunisienne, Zohra, qui travaille occasionnellement comme femme de ménage pour nourrir sa petite famille : un mari aux mœurs étranges et un enfant handicapé. Fier de son ascension sociale, méprisant vis-à- vis de ses anciens compatriotes, Kamal ne peut pourtant s’empêcher de sympathiser peu à peu avec Zohra et, tout à son jeu de séduction, finit par tomber amoureux d’elle. Son rêve le plus cher, à elle, est de rentrer en Tunisie…
S’inscrivant avec finesse et humour dans le microcosme d’un immeuble comme il y en a tant à Paris, ce roman aborde subtilement les questions brûlantes de l’immigration et de l’acculturation, à travers un personnage tout en ambivalences. La Voisine du cinquième a obtenu le prestigieux prix Katara en 2021.