Dans le petit village de Bassara, à l’ouest d’Alexandrie, les murs de l’école secondaire industrielle pour filles se sont soudain parés de couleurs, de chants et d’émotions. Là, au cœur d’un espace souvent privé de manifestations culturelles, la caravane culturelle et artistique de l’Autorité générale des Palais de la culture, dirigée par le général Khaled El-Lobban, a jeté l’ancre le temps d’un souffle d’art et de partage. Une étape qui s’inscrit dans le vaste projet du ministère de la Culture : porter la lumière de la création vers les villages et zones les plus éloignés.
Un village transformé en atelier vivant
Tout au long de la journée de clôture, Bassara s’est muée en un véritable laboratoire artistique. Les jeunes filles du village ont plongé dans l’univers de la couleur et du trait, guidées par Lamiaa Naïnaï, directrice du Palais de la culture de Borg El-Arab. L’argile, entre leurs mains, a pris forme grâce à l’atelier de Mona Salah, tandis que les fils de coton s’enroulaient pour initier les participantes aux rudiments du crochet, sous la houlette de Hanaa Ahmed.
Dans un coin de la salle, d’autres tissaient des perles et façonnaient des cadeaux faits main, simples mais chargés de fierté. Puis, avec un soupçon de fantaisie, une autre équipe, animée par Doulat Chibl, transformait des matériaux recyclés en masques scintillants de paillettes et de formes enfantines, redonnant vie à ce qui était destiné à être jeté.
Quand la joie devient spectacle
L’après-midi prit des allures de fête populaire. L’artiste Wael El-Gayyar colora les visages d’oiseaux, de fleurs et de soleils, redessinant l’innocence dans les sourires des enfants. Hamdy El-Ridini invita les jeunes à révéler leurs talents cachés, entre récitations et improvisations. Dans ce tourbillon créatif, une voix s’éleva : celle de Mohamed Hamza, qui rappela dans une conférence sobrement intitulée « Reste positif » les ravages insidieux des rumeurs et la force d’un esprit éclairé.
Puis vint le moment tant attendu : le spectacle de la troupe des enfants et pionniers de Chatibi pour les arts populaires, dirigée par l’artiste Samar El-Kassas. Les rythmes du folklore égyptien, entre les danses iskandarani, fellahi et autres tableaux empreints d’authenticité, ont transformé la place en une scène ouverte. Le public, transporté, a applaudi avec ferveur, retrouvant dans ces gestes ancestraux une part d’eux-mêmes.
Une culture qui circule, une mémoire qui s’ancre
Ces activités, organisées sous la supervision du Région culturelle Ouest et Centre Delta dirigée par Mohamed Hamdi, en partenariat avec le bureau culturel d’Alexandrie dirigé par Dr Manal Yamani et le Palais de la culture de Borg El-Arab, s’inscrivent dans la mission profonde de l’Autorité des Palais de la culture : rendre l’art accessible à tous et déceler les talents où qu’ils se trouvent.
Soutenue par la Société copte évangélique pour les services sociaux, cette caravane culturelle rappelle qu’il n’y a pas de frontières pour la création. Dans les villages comme dans les grandes villes, la culture demeure un droit, un souffle vital, une semence d’avenir.
À Bassara, ce soir-là, les enfants sont repartis le visage peint, les mains encore imprégnées d’argile et de couleurs, mais surtout avec l’impression qu’ils avaient, l’espace d’une journée, touché du doigt la magie de l’art.