Par : Iman Bahgat


Il n’y a pas si longtemps, l’Égypte exportait de la sophistication comme elle exportait le coton, offrant au monde une image brillante de goût, d’élégance et de respect.
À l’époque, la sophistication n’était pas un luxe, ni une distinction de classe, mais un comportement quotidien que tout le monde pratiquait sans prétention.
La femme égyptienne marchait dans la rue comme une page d’un roman classique, avec une silhouette mince, une robe élégante et une démarche assurée, sans chercher à attirer l’attention, mais en se respectant elle-même et en respectant ceux qui l’entourent.
Le langage entre les gens était doux, poli et parfumé :
“S’il vous plaît”,
“Si vous voulez bien”,
“Puis-je ?”,
“Merci beaucoup”,
“S’il vous plaît”,
Et d’autres phrases qui coulaient sans effort sur la langue.
Aujourd’hui, les traits ont changé et même les mots. La rapidité a prévalu sur le sens, nous avons réduit le discours à des mots courts, ternes, secs, parfois plus blessants qu’expressifs.
Nous avons remplacé le goût du public par l’agitation des tendances et la sophistication authentique par des apparences artificielles qui cherchent à attirer les adeptes plutôt qu’à satisfaire la conscience.
L’essence de l’étiquette ne se résume pas à ranger les couverts, à mémoriser les bases de la position assise ou à serrer la main, c’est une réflexion interne sur le goût et une culture du respect de soi et d’autrui. Il s’agit d’un mot gentil, d’un ton calme, de demander la permission avant de faire irruption et de s’excuser en cas d’erreur.
Nous avons beaucoup perdu en considérant la politesse comme de la naïveté, la sophistication comme de la prétention et le tact comme de la faiblesse.
Nous avons perdu encore plus lorsque nous avons considéré l’offense comme une “plaisanterie”, les réponses grossières comme de l'”audace” et l’agitation comme une “liberté d’expression”.
Il est peut-être temps de redéfinir nos priorités, d’inculquer à nos enfants la beauté de la parole et de leur apprendre que “si tu veux” n’est pas une mode, mais une clé qui ouvre la porte des cœurs.
La sophistication n’est pas suspendue à un crochet, elle est pratiquée. L’étiquette ne s’enseigne pas seulement, elle se modélise.
Soyons des modèles à une époque qui a besoin de modèles à suivre. Remettons alors la littérature à sa place, avant que nous ne nous réveillions et que nous ne trouvions plus de place pour elle.