Par Galal Aref
Al-Akhbar
Les relations sino-arabes ont également commencé dans des circonstances historiques dans lesquelles la face du monde a changé au milieu du siècle dernier. La convocation du premier sommet sino-arabe intervient à une étape similaire dans laquelle le monde passe par une nouvelle ère et l’équilibre des pouvoirs change à l’échelle planétaire, pour signer la fin de l’hégémonie d’un pôle que certains pensaient autrefois qu’il restera contrôlant jusqu’à la fin du monde !! Le début est venu de l’Égypte alors qu’elle a achevé son indépendance et s’est transformée – après la Révolution de Juillet – en une nation avant-garde du mouvement de libération qui a balayé le monde arabe et le continent africain. En 1956, la reconnaissance par l’Égypte de la République populaire de Chine et l’échange de relations diplomatiques avec elle portent un coup au blocus occidental imposé à l’époque contre la Chine. C’était – en même temps – une déclaration selon laquelle l’Égypte avait déterminé sa voie indépendante loin de la dépendance, et que sa libération du colonialisme – ne serait complète qu’avec la libération de toutes les terres arabes et la victoire des mouvements d’indépendance et de libération – et la fin du colonialisme. La même année, l’Égypte a vaincu la triple agression lors de la bataille de Port-Saïd, pour ouvrir les portes de l’espoir à tous les peuples opprimés pour obtenir leur liberté, et puis de faire partie du mouvement des Non-alignés. Un mouvement qui est né sous la houlette de l’Egypte avec l’Inde et la Yougoslavie, pour que le monde entier s’achemine vers un nouvel ordre.
A la même époque, la Chine s’est imposée, et a entamé sa marche en puissance pour être la grande puissance qui rivalise aujourd’hui au sommet du monde.
66 ans se sont écoulés depuis qu’Abdel Nasser a déclaré la reconnaissance de la Chine populaire, ce qui a ensuite ouvert la porte aux pays arabes frères pour y progresser, et les relations arabo-chinoises se sont développées dans tous les domaines. Aujourd’hui le sommet sino-arabe vient incarner l’importance de ces relations et comment les développer à une période cruciale également dans l’histoire de la région et du monde. La Chine est consciente de l’importance de la région arabe d’où elle importe la moitié de ses besoins en pétrole, et qui représente un partenaire clé dans un commerce mutuel qui a dépassé 330 milliards de dollars l’an dernier.
La tenue du sommet est un événement important dans les relations entre les deux parties. Et il vient comme c’était le début d’une nouvelle phase historique. La Chine déclare qu’elle est présente dans la région et prête à la coopération, et la partie arabe annonce qu’elle étend ses relations au monde entier dans la recherche de ses intérêts, l’affirmation de son indépendance et de sa stabilité, et dans la poursuite d’un partenariat qui soutient ses efforts vers le progrès, loin de la polarisation dans une “concurrence ou conflit”. Ce sont peut-être là les règles du nouvel ordre mondial qui naissent difficilement…
Ce qui nous intéresse ici, ce sont deux choses fondamentales: que le partenariat soit un moyen de maximiser la coopération pour un développement durable qui dépend de la production et du progrès technologique, et de bénéficier ainsi de l’expérience de la Chine, qui l’a déjà conduit à devenir une immense puissance économique.
La deuxième chose importante est que chacun dans notre monde arabe se rende compte qu’avancer seul ne mènera nulle part, et que la coopération et la coordination entre les pays arabes est le moyen de posséder une force arabe capable de faire face aux défis du présent et de l’avenir. Ce serait différent si nous avions une union arabe pour négocier avec les grandes puissances. Il est très important de soutenir la coopération tripartite entre l’Egypte, l’Irak et la Jordanie et de surmonter les obstacles pour présenter un modèle arabe capable de relever les défis. Il est très important de coordonner constamment avec les pays du Golfe. Le sommet sino-arabe signifie l’indépendance des pays arabes, et révèle que nous ne voulons pas payer le prix de la concurrence “ou du conflit” entre l’Amérique et la Chine, mais nous ne couperons pas les moyens de coopérer avec tout le monde pour le bien de nos intérêts, et afin de construire notre propre force capable de faire face aux défis d’une période difficile de l’histoire de la région et du monde.