- Le GME, joyau du patrimoine et du futur
À Guizeh, à quelques pas des pyramides, un autre monument vient d’émerger. Ce n’est ni une tombe ni un temple, mais un sanctuaire de lumière et de technologie : le Grand Musée Égyptien (GME), le plus vaste musée archéologique du monde.
Fruit de deux décennies d’efforts, il se présente comme une passerelle entre l’Égypte antique et le XXIᵉ siècle, où l’intelligence artificielle, la réalité augmentée et la robotique, deviennent les nouveaux hiéroglyphes du savoir.
Par Marwa Mourad

Une visite augmentée de l’histoire
Oubliez les vitrines figées et les étiquettes ternes. Au GME, chaque objet raconte désormais sa propre histoire. Grâce à des applications d’IA vocale et visuelle, les visiteurs peuvent converser avec un scribe virtuel ou assister, en réalité augmentée, à la reconstitution du temple d’où provient une statue.
Un simple geste déclenche un récit : la tablette devient une fenêtre sur l’au-delà.
La tombe de Toutânkhamon, joyau du musée, se découvre dans un décor interactif où sons, images et lumières restituent l’atmosphère du tombeau original, tel que l’a révélé Howard Carter en 1922.
Le savoir au bout des doigts
Derrière cette magie visuelle se cache un immense travail scientifique. Les équipes du musée, en collaboration avec des chercheurs égyptiens et étrangers, ont numérisé plus de 100 000 pièces à très haute résolution.
Objectif : créer une base de données intelligente capable d’identifier, de classer et de relier les objets selon leur époque, leur matière et leur usage.
Ainsi, un visiteur qui s’arrête devant un bijou découvre sur son écran les techniques d’orfèvrerie de l’époque, les croyances liées au motif gravé, et même des objets similaires exposés dans d’autres musées du monde.
L’archéologie 4.0
Le GME ne se contente pas d’exposer : il réinvente la recherche archéologique. Dans ses laboratoires ultramodernes, les spécialistes utilisent la tomographie et la vision artificielle pour restaurer les momies sans les toucher.
Les fibres, pigments et résidus de tissus sont analysés par des logiciels d’apprentissage automatique capables de “deviner” l’origine d’un fragment ou la technique de momification employée.
Cette méthode non invasive offre un nouveau souffle à la conservation, tout en protégeant un patrimoine d’une extrême fragilité.
Un musée vivant et accessible à tous
La technologie, ici, n’est pas un artifice : elle sert à rendre la culture plus accessible et plus inclusive.
Des parcours interactifs adaptés aux enfants et aux personnes à mobilité réduite permettent une immersion totale.
Des audioguides intelligents traduisent instantanément les commentaires en plusieurs langues, faisant du GME un espace d’échange universel.
Même à distance, les internautes peuvent explorer une partie des collections via une visite virtuelle immersive, un outil précieux pour les écoles, les chercheurs et les passionnés du monde entier.
L’Égypte, pionnière de la muséologie numérique
Avec le Grand Musée Égyptien, l’Égypte envoie un message fort : préserver son passé, c’est investir dans son avenir.
À travers ce projet d’envergure, le pays affirme son rôle de leader culturel et technologique en Afrique et au Moyen-Orient.
Bien plus qu’un musée, le GME devient un laboratoire du futur, où se croisent archéologues, ingénieurs, artistes et programmeurs.
Un lieu où la science dialogue avec la poésie, et où chaque innovation éclaire la plus ancienne des civilisations.
Une passerelle entre mémoire et modernité
Le visiteur quitte le GME avec un sentiment rare : celui d’avoir voyagé dans le temps sans quitter le présent.
Entre le regard du Sphinx et les reflets des écrans, l’histoire égyptienne s’anime, respire, s’exprime.
L’intelligence artificielle, ici, ne remplace pas la mémoire humaine — elle la prolonge, la magnifie et la partage.
Et c’est peut-être là le plus grand miracle de ce musée : rendre éternelle la curiosité des hommes pour leurs origines.





