La noctalgie est un nouveau terme inventé par les astronomes afin de faire prendre conscience d’un problème de plus en plus présent, la pollution lumineuse nocturne.

Par Marwa Mourad

Il suffit de mettre le nez dehors la nuit pour le constater, le ciel étoilé est de moins en moins visible ces dernières années en raison de la pollution lumineuse, toujours plus importante. Les astronomes ont récemment inventé un terme pour définir ce déclin de notre ciel nocturne, la noctalgie.

Une pollution lumineuse toujours plus présente

Le terme « pollution lumineuse » a été pour la première fois évoqué dans la revue Science il y a une cinquantaine d’années. Avant cela, la lumière artificielle nocturne n’était pas considérée comme de la pollution mais au contraire comme un moyen de pouvoir continuer une vie quasiment « normale » même durant la nuit. En effet, la nuit a toujours été synonyme d’insécurité et même de peur dans l’histoire humaine et les lumières artificielles permettaient donc de palier à cet effet potentiellement néfaste de la nuit.

Durant les dernières décennies pourtant, les lumières artificielles se sont de plus en plus généralisées, que ce soit dans les zones les plus urbanisées mais également dans nos campagnes. Cette lumière artificielle a pris de plus en plus de place dans notre ciel nocturne et a eu une conséquence négative, celle d’altérer l’observation des étoiles.

Depuis 2011, notre ciel nocturne se montre en effet de plus en plus lumineux avec une luminosité augmentant d’environ 10% par an d’après les études menées sur le sujet. D’autres études se sont également penchées sur les effets physiologiques de cet excès de lumière que nous infligeons, à nous mais également aux autres êtres vivants durant la nuit. Cette luminosité excessive perturbe en effet les cycles de sommeils, la façon dont les animaux se repèrent, vivent ou se nourrissent durant la nuit ou encore peut nuire purement et simplement à notre santé.

Toutefois, des astronomes tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme concernant un autre aspect un peu moins tangible de cette pollution lumineuse, la simple observation du ciel étoilé. En effet, il est aujourd’hui devenu impossible d’observer un beau ciel étoilé en ville, le seul moyen étant de se diriger vers les campagnes reculées ou encore les hauts reliefs où les traces de l’Homme sont bien moins nombreuses et envahissantes.

Le chagrin de la disparition du ciel étoilé

Aujourd’hui, les astronomes pleurent littéralement la disparition du ciel étoilé. Ceux-ci évoquent tout d’abord l’observation toujours plus difficile des étoiles, des constellations ou autres phénomènes cosmiques, pour eux même mais également pour le grand public. Par exemple, l’observation des essaims d’étoiles filantes est devenue quasiment impossible sans s’éloigner des villes alors que ce phénomène a toujours fasciné petits et grands depuis la nuit des temps.

Mais les astronomes pleurent également la disparition d’un patrimoine culturel qui a conditionné l’histoire de l’Homme depuis que celui-ci est sur Terre. Le ciel est en effet le point de départ de la plupart des mythologies, de certaines religions mais également de bon nombre de croyances et ce dans le monde entier. Nous assistons aujourd’hui à une véritable perte d’identité, d’histoire mais également de pratiques traditionnelles en raison de la pollution lumineuse.


Le ciel étoilé a toujours eu un rôle dans l’évolution de l’humanité, via son étude et sa compréhension mais aussi via les interrogations que celui-ci pouvait susciter pour petits et grands. Celui-ci aidait et aide toujours certains navigateurs pour se repérer dans l’immensité de l’océan, fascine lorsque des phénomènes telles que les comètes y sont visibles, permet de contempler l’immensité de l’univers qui nous entoure tout comme il peut simplement rendre une soirée à deux plus romantique.


Pourtant, aujourd’hui, la plupart des observations du ciel étoilé pour le grand public se font à travers un voile jaunâtre représentant la pollution lumineuse de nos villes ou alors par l’observation d’un des nombreux satellites et avions circulant au-dessus de nos têtes.


Afin de mettre un terme sur cette tristesse engendrée par la disparition progressive de notre ciel étoilé et de notre intégrité écologique, un groupe d’astronomes a donc décidé d’inventer un terme, la noctalgie. Un mot qui se rapproche grandement de la nostalgie, ou le regret mélancolique de ce ciel parsemé d’étoiles si important pour notre culture et notre histoire. Pour eux, il est important que nous retrouvions ce ciel nocturne, et même si plusieurs villes et villages éteignent maintenant leur lumières la nuit en France, il est important de continuer et d’accentuer ce type d’effort pour un retour progressif à la « normale ».