Par Samir Farag
Al-Akhbar
Nul ne peut nier en Egypte et dans le monde arabe que le mois sacré de Ramadan a un goût unique et particulier. Cela est dû aux habitudes et coutumes que nous avons vécues depuis l’éternité. D’ailleurs, au sein de l’Egypte, ces habitudes diffèrent d’une ville à l’autre. Tout cela s’inscrit dans le cadre des mœurs héritées d’une génération à l’autre tout au long de l’histoire. Ce qui distingue chaque région c’est surtout la forme et la façon de célébrer le mois sacré au sein de la famille égyptienne. Les formes sont nombreuses : la table de charité, qui révèle la solidarité sociale ou encore les repas conviviaux autour d’un iftar quotidien. Durant ces iftars, les familles égyptiennes sont très créatives et présentent des plats distingués. Aujourd’hui, tout cela s’est même développé et nous trouvons les mêmes banquets durant le sohour (dernier repas avant le jeûne). Des sohours auxquels sont conviés famille et amis et qui visent à maintenir ces rassemblements le plus longtemps possible entre les prières surérogatoires (Tarawih). Tout cela s’était presque totalement arrêté pendant la pandémie de coronavirus au cours des dernières années, étant donné que l’Egypte est une partie indissociable du monde. Mais notre monde moderne passe par des phénomènes allant de mal en pire. C’est mon avis et qui est d’ailleurs partagé par d’innombrables personnes. De simples habitudes et coutumes – qui nous distinguent – ont disparu. Des habitudes et coutumes qui ont le plus souvent tracé le sourire sur nos lèvres. Et les nouvelles générations ne connaissent point leur sens. Qui parmi les jeunes connaît le Messaharati ? (cet homme qui passe dans les rues pour annoncer aux gens l’heure du sohour) qui maintenant apparaît seulement sur l’écran de télévision. De même, les célébrations des enfants à l’arrivée du mois de Ramadan ont disparu : ces enfants qui défilaient dans les rues pour chanter « Halou ya Halou » en portant leurs fanous (lanternes du Ramadan), alors que cette même génération célèbre des fêtes importées qui n’ont rien à voir avec notre société. Nul parmi nous ne jouit du goût des pâtisseries confectionnées à la maison, alors que les familles dépendent de leur achat ? Aujourd’hui, nous ne voyons plus les rues ornées par les simples décorations du mois de Ramadan faites à la main qui distinguaient les gouvernorats et les anciens quartiers du Caire. En même temps, nous veillons à décorer les rues pour Noël. Même la radio et la télévision ont connu le changement : au passé, les programmes du mois de Ramadan comme les devinettes qui étaient sur le trône et qui avaient commencé à la radio par l’animatrice Amaal Fahmi se distinguaient par leur caractère léger. Ces devinettes ont ensuite fait leur apparition à la télévision avec des figures comme Samir Ghanem (dans la peau de Fatouta), de Nelly, de Chérihane. Au plus, il y avait à la télévision, un ou deux feuilletons qui rassemblaient la famille. Aujourd’hui, le nombre de feuilletons est énorme et ils sont partis dans une course ramadanesque effrénée pour concurrencer. Des images qui ont malheureusement toutes disparu. La seule chose qui demeure – grâce à Dieu – c’est les prières surérogatoires (Tarawih) et les formes de solidarité.





