Mahfouz – Balzac ou Zola de l’Egypte ? peu importe – décrit le limon humain du Caire. Se souvenant de son enfance, de sa formation, de l’éveil des sens, il nous donne – en 78 séquences qui forment un roman allègre et alerte – un merveilleux livre. Un adolescent y découvre les contes de la cruauté : qui “ fait la loi “ dans le clair-obscur des ruelles ? Mais aussi les contes de l’innocence : n’a-t-il pas gardé le goût des mûres ? Et entendu le Grand Cheikh invisible qui veille sur le monastère des derviches, cet îlot mystérieux de sainteté, assiégé par le tumulte et la fureur des gueux. Et bénies soient les veuves désirables qui sont providence d’adolescent ! “ Le ton inimitable de Mahfouz tient à la constante immersion de l’aventure intime dans le flux collectif. Pour se raconter, l’enfant, l’adolescent, raconte les gens de sa ruelle. Ceux-là apparaissent en désordre, par effraction de la mémoire, mais les reflets de leurs visages, la poussière de leurs pas, leurs amours et leurs crimes sont autant de repères et d’éléments qui déterminent le narrateur. “