Prendre en compte la fin de vie au moment de la conception des produits reste le meilleur moyen permettant de favoriser leur recyclage et l’économie circulaire. Il est essentiel que les acteurs de la conception collaborent avec les acteurs du recyclage, estiment Laure Hugonet et Sabine Zariatti, article publié sur Les Echos.
Aujourd’hui, toutes les planètes sont alignées pour une accélération du recyclage des plastiques : les réglementations existent, de nombreuses technologies ont été développées… Mais face à cet engouement, il est indispensable de ne pas oublier les fondamentaux !
Un déchet plastique peut être constitué d’une matière unique ou de plusieurs matières imbriquées. Pour qu’il soit recyclé, il faut d’abord que le déchet soit collecté dans le cadre d’un système de ramassage adapté, ensuite que les matières soient séparées entre elles dans un centre de tri dédié et que chaque matière plastique soit régénérée dans un procédé de recyclage spécifique.
Enfin il faut que les matières issues du recyclage soient utilisées dans un nouveau process industriel en substitution de matières vierges. Ces 4 maillons sont essentiels : si l’un d’entre eux est défaillant, il n’y a pas de recyclage.
Nouvelles règles
La chaîne de valeur du recyclage des plastiques comprend de nombreuses étapes industrielles coûteuses. Les REP (Responsabilité Elargie du Producteur) ont été créées pour contribuer au financement des filières de recyclage.
Le principe est simple : le fabricant ou metteur sur le marché d’un objet est responsable de sa fin de vie. Lors de la vente, il applique une éco participation payée par le consommateur qu’il reverse à la REP qui l’utilise pour financer les opérateurs du recyclage.
En parallèle, de nouvelles réglementations vont imposer d’incorporer des matières recyclées dans chaque nouvel objet, créant une demande forte : la directive européenne Single-Use-Plastics impose l’utilisation de 25 % de résine recyclée dans les bouteilles en PET en 2025. Il est donc essentiel de répondre aux besoins en plastiques recyclés en développant les procédés de recyclage.
Recyclage chimique
Depuis 30 ans, le recyclage mécanique a prouvé son efficacité pour le traitement de flux mono matière pour remplacer de la matière vierge dans certaines applications (automobile, BTP, agriculture…). Cependant, elle ne permet pas de répondre à toutes les demandes, notamment pour les domaines de l’alimentaire (hors PET bouteilles) et de la cosmétique qui imposent des contraintes sanitaires élevées.
Le recyclage chimique apparaît comme un complément indispensable pour recycler des objets complexes et satisfaire des applications contraignantes. Une véritable dynamique d’innovation est aujourd’hui enclenchée. Des consortiums de compétences pluridisciplinaires se mobilisent pour développer les solutions de demain. Mais cette approche doit encore faire ses preuves pour lever les verrous technologiques, économiques et écologiques ou passer à une échelle industrielle.
Renforcer la pédagogie
Prendre en compte la fin de vie au moment de la conception des produits reste cependant l’enjeu pour favoriser leur recyclage et l’économie circulaire. Pour cela, il est essentiel que les acteurs de la conception collaborent avec les acteurs du recyclage.
Chacun doit également s’engager à trier ses déchets : plus les flux arrivent purs dans les usines, plus les procédés à mettre en oeuvre pour le recyclage sont efficaces. Pour cela, la pédagogie doit être renforcée auprès de tous (maison, vie professionnelle, loisirs, milieu associatif…) et les collectivités locales ont un devoir d’information.
Arrêtons les croyances : les déchets plastiques sont majoritairement recyclés en France et en Europe et les déchets ne sont pas mélangés après la collecte. Le chemin est encore long mais la filière progresse chaque jour !