L’Egypte tente ardemment d’exploiter sa situation et ses infrastructures pour devenir un centre majeur pour le commerce et la distribution du gaz dans la région, surtout après avoir tracé ces dernières années ses frontières maritimes avec un certain nombre de pays de la Méditerranée orientale pour soutenir les activités de recherche et d’exploration incontestées. 

En tant que deuxième plus grand producteur de gaz naturel liquéfié (GNL) en Afrique selon les données de 2019, l’Égypte devrait devenir l’un des 10 premiers exportateurs mondiaux de GNL d’ici la fin de cette année. Les pipelines transfrontaliers sont également un atout majeur reliant le pays à la Jordanie et s’étendant vers l’Europe.

L’Égypte a parcouru un long chemin pour devenir un exportateur de gaz, et la production de gaz naturel est une économie en croissance constante – atteignant 62,7 milliards de mètres cubes en 2009. Pour la première fois en huit ans, l’Égypte a repris l’exploitation de ses deux terminaux méthaniers à Damiette et Idku au nord du Caire, dans une tentative sérieuse et ambitieuse de reprendre les exportations de gaz via la Chine, le Japon et l’Inde vers l’Asie, et via la Grèce et Chypre vers l’Europe. Cela ferait de l’Égypte un exportateur majeur de gaz avec un impact positif sur l’économie nationale qui a souffert de la pandémie de Coronavirus.

L’Egypte a connu un boom de la production de gaz ces dernières années grâce au champ de Zohr en Méditerranée et aux découvertes au nord d’Alexandrie et dans le delta du Nil. A la suite d’une interruption qui a duré huit ans, l’Égypte a fait redémarrer sa deuxième usine de gaz naturel liquéfié et cherche à devenir l’un des principaux fournisseurs européens de carburant.

Le retour de l’usine de liquéfaction de Damiette, qui a été retardé à plusieurs reprises, sera une relance des exportations égyptiennes de carburant ultrafroid. Alors que le pays ne représentait qu’environ 1% de l’approvisionnement mondial en 2019, la réouverture du terminal méthanier facilite son projet de devenir une plaque tournante d’exportation aux portes de l’Europe.

L’Usine de liquéfaction de gaz de Damiette 

La liquéfaction du gaz naturel est un processus à travers lequel le gaz est converti à l’état liquide grâce à un refroidissement intense, ce qui permet le transfert de grandes quantités de gaz dans des conteneurs désignés. Ce processus vise à éviter la transportation du gaz dans des tuyaux pour de longues distances. Le processus de liquéfaction diminue de 600 fois le volume du gaz. Créée en 2000, ses travaux ont commencé en septembre 2003. La première cargaison a été extraite le 20 janvier 2005. En effet, la station est exploitée par la société espagnole Union Fenosa en partenariat avec la société italienne Eni. La part égyptienne y est d’environ 20%. Elle produit 750 millions de pieds cubes par jour. « L’usine de Damiette est construite sur une superficie d’environ 280 acres et offre une capacité de production de 5 millions de tonnes par an, tout en exportant vers les pays étrangers », a affirmé le vice président exécutif de la compagnie Cigaz. L’usine a subi une totale maintenance pendant la période où le travail s’était arrêté, afin que l’usine puisse redémarrer en bon état lorsque le gaz sera immédiatement disponible. L’usine a redémarré en janvier 2020, et la première cargaison de gaz liquéfié a été exportée du port de Damiette en février 2021. « Grâce aux découvertes du champ de Zohr et celles au nord d’Alexandrie, nous avons abouti à une grande capacité de production qui nous permet de satisfaire les besoins locaux et faire des exportations », a-t-il ajouté.

De son côté, le président des opérations de la compagnie Cigaz, l’ingénieur Moemen Al-Kholi, a souligné que l’usine peut recevoir 760 millions de pieds cubes de gaz par jour, ce qui équivaut à une production de 5 à 6 cargaisons par mois. « Il y a des opérations séquentielles, tout en commençant par la réception et le comptage du gaz », dit-il, avant de poursuivre : « Ensuite, les impuretés sont éliminées et converties du gaz naturel en gaz liquéfié, puis stockées dans des réservoirs à des fins de transport ». « L’usine de liquéfaction a pour objectif de réduire le volume de gaz pour faciliter son expédition et son transport vers les approvisionnements énergétiques mondiaux », précise-t-il.

Le directeur de la formation de Cigaz, l’ingénieur Nasser Safa, a quant à lui déclaré que des programmes de formation distingués sont en cours de préparation pour la formation des cadres requis dans la gestion, l’exploitation et la maintenance de l’usine de GNL. « Il existe un centre médical qui présente les soins médicaux pour tous les cas d’urgence ». En cas d’urgence, il existe des plans d’évacuation, de lutte contre les incendies ainsi que des opérations de sauvetage avec une coordination totale avec l’organisme de la protection civile et les pompiers du port de Damiette. Le fonctionnellement à nouveau de l’usine de Damiette marque une nouvelle étape dans la poussée égyptienne vers le GNL.

Le pays a retrouvé son autosuffisance gazière grâce à des découvertes majeures dont le champ géant de Zohr. Cela s’est produit après des années de baisse de la production nationale, ce qui l’avait contraint à arrêter la plupart des exportations de GNL en 2014.