Dans sa rubrique «Un papier et un stylo», l’écrivain Yasser Rizq indique que quiconque observe de près les démarches politiques arabes du «régime du 30 juin», huit ans après, pourra détecter un nouveau Proche-Orient dont les traits sont tracés à travers les visions de la direction politique égyptienne. Ce serait injuste de considérer que ce qui est arrivé il y a huit ans n’était qu’un événement majeur qui n’a sauvé que l’Etat égyptien d’un sort inconnu ou de le juger uniquement comme tournant stratégique n’ayant avorté que le stratagème de l’islamisme politique soutenu par de grandes puissances pour contrôler la région arabe. Une vision globale de la scène, compte tenu des événements et évolutions, affirme que la révolution du 30 juin puis le communiqué du 3 juillet, constituent une « Stalingrad » politique égyptienne. Il s’agit d’une bataille qui a sauvé l’Egypte et tous les pays du Monde arabe qui étaient sur le bout de la division. Il s’agissait d’une « frappe » qui a avorté le « stratagème du nouveau ProcheOrient et du Grand Proche-Orient » qui visait à tracer de nouvelles cartes politiques et géopolitiques de la région en amorçant des conflits idéologiques et religieux. Le but était de créer un vide politique qui engendrerait la chute des Etats sans recourir à une intervention militaire directe; laquelle était un échec en Afghanistan et en Irak.
Je crois que nous assistons, actuellement, au début du traçage d’un nouveau Proche-Orient, à travers une vision égyptienne et via une coordination stratégique habile entre un « centre » égyptien et des « ailes » arabes. Ce traçage voit le jour après la récupération de l’Etat national et l’anéantissement du terme aux stratagèmes du grand P-O tout en évitant un conflit avec les grandes puissances mondiales.
Nous nous souvenons encore des images du Printemps arabe en Tunisie, en Egypte, en Libye, en Syrie et au Yémen où la chute de régimes suivait des soulèvements intérieurs ou des ingérences extérieures ou les deux.
La confrérie des Frères et les groupes qui en relèvent étaient parvenus à arriver au pouvoir dans certains pays et pousser d’autres dans des guerres civiles qui les ont détruits ou divisés. Ce n’est point un secret que la carte du grand P-O publiée en 2006 par le magazine des Forces armées US visait à retracer les frontières de la région arabe selon l’Accord Sykes-Picot de 1916 et d’en diviser les pays sur bases ethniques ou religieuses. Le but était de contrer l’idée du nationalisme arabe et de créer un nouveau P-O avec trois centres régionaux non arabes : Israël, Turquie et Iran (…) La politique américaine misait sur le courant de l’islamisme politique avec au cœur la confrérie des Frères musulmans pour réaliser ce stratagème. (…) A la veille de la révolution du 30 juin, la situation était la suivante : L’Egypte était menacée par une guerre civile dans un délai de deux mois selon les estimations militaires et sécuritaires. La Syrie était déjà en guerre civile entre l’Armée et les milices extrémistes…
L’Etat s’est effondré en Libye et le pays s’était divisé en trois régions. Le Yémen souffrait d’une guerre civile acharnée entre le régime et les milices Al Houthi soutenues par l’Iran.
Les pays du Golfe étaient menacés de l’extérieur par l’Iran et de l’intérieur par l’islamisme politique soutenu par l’étranger.
L’Irak était une scène de conflits intérieurs au milieu d’une ingérence iranienne et une présence militaire américaine et des agressions militaires turques au nord. (…) Il y a huit ans, la révolution a libéré l’Egypte du régime des Frères, détruisant ainsi la base du projet de souveraineté « frériste » dans la région arabe.
Le long de 84 mois, la renaissance de l’Etat égyptien a commencé via l’élection du Président Al Sissi, un changement des situations dans la région. Une nouvelle carte du ProcheOrient a commencé à être redessinée. (…)