Sur les planches chaleureuses du Palais de la culture Ahmed Bahaa Eddine à Assiout, un souffle d’émerveillement s’est levé : le rideau s’est levé sur « Rose et le Magicien d’Oz », une adaptation poétique et lumineuse du conte intemporel de Lyman Frank Baum. Ce spectacle, conçu pour les enfants mais adressé à tous les cœurs avides de sens et de rêve, s’inscrit dans la programmation du Théâtre pour enfants orchestrée par l’Organisme général des palais de la culture, sous la présidence du général Khaled El-Labban, dans le cadre des activités du ministère de la Culture.Jusqu’au 6 juillet, la scène accueille ce voyage initiatique mené par Rose, héroïne perdue dans un monde étrange et fascinant, reflet de nos propres labyrinthes intérieurs. À ses côtés, trois compagnons improbables et bouleversants : un lion sans courage, un homme de fer sans cœur et un épouvantail sans cerveau. Ensemble, ils avancent, trébuchent, s’interrogent, et finissent par découvrir que ce qu’ils cherchaient à l’extérieur reposait, en réalité, au plus profond d’eux-mêmes.Mêlant subtilement enchantement visuel et profondeur existentielle, la mise en scène d’Essam Ossama se déploie avec une douceur onirique. « Ce spectacle, confie-t-il, est une invitation à croire en soi. À travers le périple de Rose, c’est chaque enfant — et chaque adulte — qui apprend que la maison, ce n’est pas seulement un lieu, mais un sentiment d’appartenance, une vérité intérieure. »Le texte, réinterprété en arabe par Ashraf Atrees, allie poésie et humour avec une finesse rare. Ses chansons, portées par les mélodies du Dr Ahmed El-Hanawi, bercent les émotions, tandis que les décors et costumes signés Amr Hamza nous transportent d’un monde à l’autre avec une élégance picturale. Les chorégraphies de Khaled Nasr apportent quant à elles un souffle de magie vivante, rythmée, presque féerique.Mais au-delà des couleurs, des rires et des chansons, « Rose et le Magicien d’Oz » délivre des leçons douces et puissantes : l’illusion du pouvoir, la beauté du collectif, la force du pardon, et surtout, la nécessité de se connaître soi-même. Le fameux Magicien, supposément redoutable, se révèle n’être qu’un homme ordinaire, ayant bâti sa puissance sur les peurs des autres — un miroir tendu aux sociétés qui confondent autorité et vérité.Ce spectacle est le fruit d’une coopération entre l’administration générale de la culture de l’enfant, la région culturelle du Centre-Sud et le Palais Ahmed Bahaa Eddine. Il s’inscrit dans une politique culturelle ambitieuse qui œuvre, avec sensibilité et intelligence, à faire du théâtre un espace d’éveil, de réflexion et d’émotion pour les plus jeunes.Sous la supervision de l’écrivain Mohamed Nassef, vice-président de l’Organisme, cette initiative témoigne d’une conviction profonde : le théâtre pour enfants n’est pas un art mineur, mais un terrain fertile pour semer l’imaginaire, la pensée critique et les valeurs humaines. À Assiout, avec « Rose et le Magicien d’Oz », ce pari est brillamment tenu.