Salah Abou Seïf est un grand réalisateur égyptien considéré comme le pionnier du réalisme dans le cinéma égyptien. Et le réalisme selon Salah Abou Seïf signifie voir la réalité, pénétrer avec sa vue et sa perspicacité dans ses profondeurs et être conscient des racines du phénomène, ne pas se contenter uniquement d’observer ses caractéristiques. C’est exactement ce qu’il incarne dans ses films.
Salah Abou Seïf est né le 10 mai 1915 dans le gouvernorat de Beni Soueif. Son père, décédé tôt, il a vécu comme un orphelin avec sa mère qui l’a élevé strictement. Après avoir terminé son école primaire, il rejoint l’école intermédiaire de commerce, et travaille également dans une entreprise textile de la ville de Mahalla Al-Koubra et, dans le même temps, il exerce dans le journalisme d’art. Ensuite, il se consacre lui-même à étudier diverses branches du cinéma et des sciences connexes telles que la musique, la psychologie et la logique. Abou Seïf a travaillé pendant trois ans à Mahalla de 1933 à 1936, et ce fut une période de collection importante dans sa vie.
Durant cette période, il a mis en scène des pièces de théâtre pour une équipe composée d’employés amateurs de la compagnie. Il a eu l’occasion de rencontrer le réalisateur Niazy Moustafa, qui est allé à Mahalla pour faire un film documentaire sur l’entreprise. Etonné par la culture d’Abou Seïf et sa connaissance des origines de l’art cinématographique, Niazy Moustafa a promis d’œuvrer à le transférer au Studio Misr.
Salah Abou Seïf a commencé à travailler par le montage au Studio Misr, puis est devenu chef du département de montage du studio pendant dix ans pendant lesquels de nombreux étudiants se sont formés à l’art du montage. Il a également rencontré au Studio Misr sa future épouse, Rafiqa Abou Jabal, ainsi que Kamal Selim, réalisateur du film Al-Azima. Au début de l’année 1939, et avant de se rendre en France pour étudier le cinéma, Salah Abou Seïf travaille comme premier assistant du réalisateur Kamal Selim dans le film Al-Azima , considéré comme le premier film réaliste du cinéma égyptien. Fin 1939, Abou Seïf revient de France à cause de la Seconde Guerre mondiale, et en 1946 il s’oriente vers la réalisation de films.
En 1950, lorsque Salah Abou Seif revient d’Italie où il réalisait la version arabe du film « Le Faucon » avec Imad Hamdi, Samia Gamal et Farid Shawky, il fut influencé par la nouvelle tendance du réalisme dans le cinéma italien et insista pour vivre cette expérience à travers le cinéma égyptien. Il a réalisé pour le cinéma irakien le film Al-Qadissiyah en 1982, dans lequel de nombreux artistes arabes de différents pays du monde arabe ont participé.
Abou Seïf a participé à l’écriture du scénario de la plupart de ses films, car il considère l’écriture du scénario comme l’étape la plus importante dans la préparation du film. Il est possible de faire un bon film avec un bon scénario et une mauvaise réalisation, mais l’inverse n’est pas possible, croyait-il. Ainsi, il participe à l’écriture du scénario pour s’assurer que tout ce qui est écrit s’accorde avec son langage cinématographique. Selon la critique allemande Erica Richter, Salah Abou Seif est le maître des films réalistes en Egypte. Ses films sont l’épine dorsale de cette tendance.
Ces films à travers lesquels l’on peut étudier les sujets, les méthodes et les plus importantes solutions techniques auxquels les films réalistes en Égypte ont recours pour les problèmes auxquels ils sont confrontés et qu’ils traitent.
Abou Seif a pu confronter les films irréalistes produits par “Hollywood de l’Orient” avec des films au contenu populaire et humano-socialiste, et est ainsi devenu un soutien, un instigateur et un pivot du cinéma égyptien progressiste.