Salah Abu Seif était préoccupé par le jeune réalisateur égyptien Atef Al Tayeb qui était sur le point d’être admis à l’hôpital pour subir une simple opération cardiaque à l’été 1995. A l’époque, Abu Seif était en bonne santé, bien qu’âgé de quatre-vingts ans, mais il avait décidé de se retirer définitivement du cinéma. Quelques semaines plus tard, Al-Tayeb est décédé lors d’une opération chirurgicale, un événement qui a laissé Abu Seif dans une grande tristesse; il m’a dit plus tard qu’une partie de lui-même était perdue. Ce n’est qu’un an après la mort d’Al Tayeb qu’Abu Seif lui-même est décédé. Avec leur mort, l’école du réalisme dans le cinéma égyptien a perdu l’un de ses principaux fondateurs et l’un de ses plus grands héritiers. A 81 ans, Salah Abu Seif, est resté l’un des grands maîtres du septième art égyptien et arabe. En une cinquantaine d’années, il a réalisé plus de 40 films, dont certains sont considérés comme des classiques, et dont la plupart ont ajouté au titre de ce grand artiste de “Directeur du Réalisme”, même s’il était connu pour s’en être souvent plaint car il se sentait prisonnier dans cette catégorisation. Quoi qu’il en soit, Abu Seif, décédé dans les derniers jours de juin 1996, n’est pas seulement l’un des plus grands fondateurs du réalisme dans le cinéma égyptien, mais l’un des plus grands artistes du cinéma arabe, et le père-fondateur, avec Yusuf Chahine et Toufic Saleh, du modernisme cinématographique qui a provoqué la plus grande révolution du septième art au milieu des années 1950. Il n’y a pas beaucoup de réalisateurs contemporains qui nieraient leur affinité, sous une forme ou une autre, avec les écoles qu’Abu Seif a aidé à établir.
L’histoire entre le cinéma égyptien et Abu Seif commence dans sa jeunesse : Travaillant comme employé dans une usine textile, il rencontre par hasard le jeune réalisateur Niyazi Mustafa qui venait alors de rentrer d’Allemagne, après avoir fait des études de cinéma aux frais du Studio Misr [Studio de l’Egypte].