Par: Nermine Khattab
Le Premier ministre, Moustafa Madbouli, a souligné l’importance de la mise en œuvre du projet de développement du zoo de Guizeh afin de le hisser au niveau de ses homologues internationaux et de renforcer sa valeur archéologique et historique en tant que l’un des plus anciens zoos au monde. Zoom sur ce parc légendaire.
En 1910, William PEP, de la « Société Zoologique », décrivait le zoo comme un véritable délice pour les amoureux de la beauté et les zoologistes. Le Zoo de Guizeh est en effet l’un des plus anciens jardins zoologiques de l’histoire de l’Égypte. Il fut créé par le Khédive Ismaïl, qui souhaitait l’inaugurer à l’occasion des célébrations de l’ouverture du canal de Suez, en 1869. Faute de temps, le projet ne put aboutir et le Khédive se contenta de rassembler un certain nombre d’animaux et d’oiseaux dans le palais de Gezira, à Zamalek.
Ce n’est qu’en 1880 que son fils, le Khédive Tawfik, ordonna la création du deuxième zoo du monde après celui de Londres. Cinquante acres de la partie sud du jardin du Haramelek, ainsi que les jardins de la mère du Khédive (« Oum Pacha »), qui faisaient partie des jardins de la « Saraya Al-Guiza », furent alors alloués pour constituer des jardins botaniques. Ces derniers fournissaient aux palais khédiviaux des arbres et des plantes rares venus de diverses régions du monde.
Le 1er mars 1891, le zoo, surnommé « la Perle de la Couronne » des zoos d’Afrique, ouvrit ses portes au public, moyennant des frais d’entrée de cinq millimes. Un directeur britannique, M. Nickeloz, en prit la direction. À l’époque, le zoo était divisé en deux sections, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Il disposait également d’un club pour enfants de 8 à 18 ans, passionnés par les animaux, accessible moyennant une cotisation symbolique de cinq piastres par an, comme cela se faisait dans les grands zoos internationaux. Les enfants y apprenaient les bases de la science animale, assistaient à des projections de films, à des conférences de vétérinaires et même à des cours sur l’art de la momification, une pratique peu répandue ailleurs.
En 1930, 39 acres supplémentaires furent ajoutés, portant la superficie totale du parc à 89 acres, répartis en 14 zones. Le zoo abrite alors de nombreux mammifères, 500 oiseaux et divers reptiles. Beaucoup furent offerts en cadeau par des rois et présidents étrangers au souverain égyptien. On y dénombrait 368 espèces, représentant plus de 100 genres : serpents — toxiques, semi-toxiques ou non toxiques —, tortues, tortues marines, lézards, varans, cerfs, crocodiles égyptiens et américains, gerbilles, oursins, scorpions et caméléons. Deux pensionnaires se distinguent par leur longévité : une tortue éléphant âgée de 285 ans et un aigle brun âgé de 80 ans. Aujourd’hui encore, environ 60 animaux représentant 175 espèces différentes peuplent le zoo, qui demeure un lieu unique combinant faune, flore et patrimoine historique, avec ses ruisseaux, cavernes, cascades, ponts de bois et lacs aux oiseaux.
Mais le zoo n’est pas qu’un lieu de loisir : il constitue aussi un institut scientifique où les chercheurs étudient le comportement des animaux et des oiseaux. Actuellement, cinq organisations non gouvernementales y mènent des campagnes de sensibilisation pour la protection de la faune et la préservation de l’environnement en Égypte.
Les monuments et curiosités du zoo
Le Zoo de Guizeh est aussi une vaste exposition en plein air, rassemblant de nombreux monuments et aménagements historiques.
La grotte de la Citadelle
Appelée aussi « grotte royale », elle est composée de cinq zones en forme de collines, la plus vaste étant la « grotte de la Citadelle », construite en 1867. Elle est ornée de statues représentant dinosaures disparus, crocodiles et oiseaux aux formes exotiques. L’intérieur comprend des allées couvertes de végétation, des cascades, un espace de repos central, ainsi que des statues d’oiseaux et de reptiles en ciment et en gravier. Des cours d’eau y serpentent à travers des cavités décorées de récifs coralliens blancs suspendus aux cascades, menant à un petit lac avec deux îles reliées par un pont en bois. Sa conception ingénieuse assure une climatisation naturelle et une acoustique exceptionnelle, sans besoin de haut-parleurs.
La grotte du Chandelier
Construite selon les mêmes procédés que la grotte royale, elle se distingue par ses dépôts calcaires en forme de chandeliers suspendus au plafond, particularité qui lui vaut son nom.
La grotte de l’Île du Thé
Similaire aux autres, elle se caractérise par un vaste réseau de cavités souterraines.
Le pont suspendu
Également appelé « pont à bascule », il fut construit par le célèbre ingénieur français Gustave Eiffel entre 1875 et 1878, soit dix ans avant la construction de la tour Eiffel. Commandé par le Khédive Ismaïl, ce pont reliait le palais khédivial au palais du Haramelek, lorsque le zoo faisait partie intégrante du complexe palatial de Guizeh. Premier pont suspendu jamais construit dans un zoo, il servait de plateforme d’observation. Sur ses piliers figure encore le monogramme du Khédive Ismaïl : « I.P. » pour Ismaïl Pacha.
Les portes anciennes
Situées en face de l’ancienne maison des chiens, elles marquaient l’entrée du palais du Khédive et de celui de sa mère, « Al-Walada Pacha ».
Le kiosque japonais
Érigé en 1924 sous le règne du roi Fouad, à l’occasion de la visite du prince héritier du Japon, il constitue un petit musée au sein du jardin zoologique. On y trouve des collections et photographies anciennes retraçant l’histoire du zoo.
Le musée des animaux
Construit en 1906, il se compose de trois grandes salles présentant des collections d’oiseaux, de reptiles, de poissons et d’animaux momifiés, ainsi que des squelettes. Deux autres salles exposent des collections de peaux et un laboratoire de momification est annexé au musée. Plus de 5 000 échantillons y sont conservés, dont un crocodile momifié datant de plus de 5 000 ans et une baleine échouée à Alexandrie.
Les plus anciennes constructions du zoo
- La maison des ours (1891-1896)
- La maison des hyènes (1896)
- La maison des éléphants (1900)
- Le kiosque des oiseaux (1901)
- La maison principale des lions (1901)
- L’ancienne maison des reptiles (1902), aujourd’hui consacrée aux animaux d’expérimentation
- Les granges des antilopes (1905-1911)
- Le bassin des hippopotames (1911)
- La maison des animaux (1914), ouverte en 1920