Depuis plus de 150 ans, le Canal de Suez s’est avéré être la bouée de sauvetage reliant l’Orient à l’Occident, c’est le cœur battant du mouvement commercial mondial et des chaînes d’approvisionnement internationales. Il constitue un outil puissant quant au renforcement de la situation économique de l’Egypte dans la région du bassin méditerranéen.
Le Canal de Suez est l’un des “goulots d’étranglement” de la planète, fondamental pour la sécurité énergétique mondiale et l’approvisionnement en matières premières et en marchandises. Il constitue un axe crucial qui relie l’Orient et l’Occident. Le Canal est vital pour les chaînes d’approvisionnement du monde entier, son blocage a constitué une onde de choc, rappelant les enjeux que représente la fluidité de ce passage clé des routes maritimes par lesquelles transite une part importante du commerce international. En effet, près de 19 000 navires passent par le Canal chaque année, transportant environ 1,2 milliard de tonnes de marchandises.
Compte tenu de cette importance majeure, l’Egypte s’est toujours montrée soucieuse de l’évolution du Canal à l’échelle mondiale, en particulier en ce qui concerne le mouvement commercial international. Aussi a-t-elle pu faire face, très tôt, à la pandémie du Covid-19, qui a frappé les articulations du mouvement du commerce mon[1]dial début 2020. Pour cet objectif, l’Organisme du Canal de Suez s’apprête à mettre en œuvre des travaux concernant une nouvelle extension de la voie navigable, notamment à la suite de l’échouage du navire panaméen fin mars dernier.
« C’est un organisme géant », par ces mots le président Abdel Fattah Al-Sissi a qualifié cette énorme entité. Il a souligné que l’Organisme du Canal a toujours une vision prometteuse pour le développement du Canal conformément à l’évolution du mouvement du commerce mondial. Le président Al-Sissi a mis en outre l’accent sur l’importance d’améliorer la voie navigable dans la partie sud du Canal qui a été témoin de l’accident d’échouage du navire EverGiven. De son côté, le président de l’Organisme du Canal de Suez, le général Ossama Rabie, a insisté sur l’intérêt des dirigeants politiques à maximiser les capacités et le potentiel du Canal de Suez ainsi qu’à développer la voie navigable.
«Cet intérêt primordial accordé par l’Etat paraît clair en ce qui concerne le projet d’extension et d’approfondissement du secteur sud du Canal de Suez d’une longueur de 30 km, à partir de la marque 132 km au chenal 162 km. Ceci outre la mise à exécution d’un prolongement de 10 km dans la zone des petits lacs amers. Cette extension contribuera à améliorer le trafic de navigation, à raccourcir le temps de transit et à augmenter la capacité de charge des navires en transit quotidiennement », explique Rabie. « Ce projet augmentera le nombre de navires à l’intérieur du Canal de 6 navires en plus.
Il réduira ainsi le temps de transit dans les deux sens », ajoute-t-il. « Grâce à une stratégie ambitieuse et complète qui sera exécutée en quatre axes et qui est préparée par l’Organisme du Canal afin de faire face aux répercussions de la pandémie du coronavirus, on a pu très tôt éviter les impacts négatifs de cette crise dans tous les domaines notamment ceux relatifs au mouvement maritime international et au transport maritime. Le premier axe consiste à ouvrir des lignes de communication directe et de commercialisation 24 heures sur 24 avec toutes les agences internationales.
Le deuxième axe consiste à lancer une campagne de commercialisation verte du Canal de Suez, puisqu’il constitue la voie navigable la plus courte reliant l’Orient à l’Occident. Cette campagne contribue à restreindre la consommation de carburant de soute et aussi à éliminer les émissions nocives de carbone. Le troisième axe se concentre sur l’adoption d’une stratégie de commercialisation flexible, qui consiste à présenter des offres à bon prix aux différents types de navires.
Le dernier axe vise à conquérir de nouveaux marchés qui sont géographiquement loin du Canal de Suez, en vue d’attirer de nombreux navires qui dans le passé ne passaient pas par le Canal. Le président de l’Organisme du Canal a souligné que le projet sera mis en œuvre par le biais des équipements propres à l’Organisme, y compris des dragues géantes, des unités auxiliaires marines et des logistiques. La compagnie « Challenge », spécialisée dans le domaine du dragage marin (une société ano[1]nyme égyptienne détenue à 51% par le Canal, la société des travaux portuaires et des grands projets (une des sociétés de l’Organisme du Canal de Suez) participera à la mise en œuvre du projet et 49% de la Emirates Marine Dredging Company). « Ce nouveau projet d’expansion du Canal de Suez pourrait être mis en œuvre pendant 24 mois seulement, assure Rabie, ajoutant que le projet comprendra aussi l’enlèvement d’une quantité de sable, suivi par des opérations de dragage dans les zones où des travaux de creusement auront lieu.
Un passage sûr pour le commerce international
Le doyen de la Faculté des transports maritimes de l’Académie arabe des sciences, Mohi Al-Sayeh, a quant à lui affirmé que le récent échouage du navire panaméen a prouvé au monde entier que le Canal de Suez est une voie navigable indispensable au transport maritime de tous les types de marchandises, y compris les matières premières, les denrées alimentaires, ainsi que le pétrole brut et ses produits.
Il a expliqué que le projet d’élargissement du Canal permettra d’accueillir un grand nombre de navires qui vont traverser le Canal de l’Est et de l’ouest tout en assimilant d’énormes navires de différents types, tels que les bateaux-citernes transportant du pétrole et du gaz, les porte-conteneurs de toutes les tailles, moyennes soient-ils ou géants. Al-Sayeh a poursuivi que le transport maritime s’oriente actuellement vers l’agrandissement des navires et de leurs tonnages en vue de diminuer les coûts de transport maritime des marchandises. « L’autre aspect de ce plan reflète le plan stratégique de l’Égypte dont le but est de faire du Canal de Suez à la fois une voie navigable mondiale et une zone logistique régionale et internationale qui rend service aux systèmes du transport maritime et logistique des marchandises. Cette zone fournira alors des services à valeur ajoutée aux produits, tels que les opérations d’assemblage, de conditionnement et d’emballage.
Elle présentera également aux navires de maints services, entre autres l’approvisionnement en carburant, la fourniture de denrées alimentaires et de l’eau douce », affirme-t-il. Et de conclure en disant : « Ces services sont très vitaux pour les navires qui utilisent le Canal de Suez. Si on les présente à des prix compétitifs et de haute qualité, on connaîtra une forte croissance du revenu national égyptien, étant donné que le Canal de Suez est l’une des sources les plus importantes de revenu national égyptien.