Par Samir Abdel-Ghany













Sous les lumières tamisées du Galerie Odyssey, une effervescence douce étreint les murs : le collectif féminin « Les Loqtaouïates » y dévoile son nouveau chapitre artistique dans l’exposition « Sur la route 2 ». Un titre évocateur, une invitation au voyage, non pas vers une destination finale, mais au cœur même du mouvement, du questionnement, de la quête. L’art ici n’est pas statique. Il vit, il cherche, il trébuche parfois, mais avance toujours — avec passion, avec foi.
Le vernissage m’a échappé, mais la rencontre du lendemain avec l’artiste Ingy Mahmoud a suffi à ouvrir grand la porte d’un univers vibrant, mené par un mentor d’exception, le Dr Abdel Aziz El-Gendy. Avec pudeur mais ferveur, elle raconte l’histoire d’un groupe de femmes artistes, unies par le même souffle créatif, et guidées depuis trois ans par un homme convaincu que la beauté réside autant dans la démarche que dans le résultat.
« Nous essayons, nous apprenons, nous cherchons quelque chose et nous finirons par le trouver », dit-elle. Et c’est bien cela qu’on ressent : cette sincérité touchante dans l’expérimentation, ce refus du confort, cette jubilation de l’inconnu. D’une exposition à l’autre, ces artistes tracent leur propre sentier. Pas le premier. Le deuxième. Un chemin parallèle, libre et assumé.
Le Dr El-Gendy en parle comme d’un compagnonnage : « C’est une belle aventure que j’ai commencée avec elles il y a presque trois ans. Une partie s’est concrétisée dans une station précédente sur cette route, et aujourd’hui, nous poursuivons. Chacune tente d’apporter quelque chose de nouveau, avec plus de maturité. Leurs œuvres, désormais, vibrent de beauté, de richesse formelle, de couleurs profondes et d’inspirations multiples. » Ce sont les lieux traversés, les regards échangés, les émotions partagées qui nourrissent la palette.
Et quelles palettes ! Chaque artiste est un monde.
· Azza El-Hadidi insuffle aux formes abstraites une force texturée, un souffle brut.
· Rehab Gaber capte l’esprit des lieux par des pulsations tantôt douces, tantôt puissantes.
· Yasmine Esmat peint avec l’assurance d’un pinceau qui sait où il va, sans jamais cesser de chercher mieux.
· Ingy Mahmoud, elle, danse avec la couleur. Sa touche est un murmure incandescent.
· Dalia Ali bâtit avec ses études solides une œuvre patiente et maîtrisée.
· Noha Refai peint comme on écrit une lettre intime : chaque trace est confidence.
· Asmaa Mubarak ose. Elle joue avec la composition, la ligne, la couleur, avec une vitalité contagieuse.
· Sherine El-Saadany ouvre une fenêtre vers un monde de douceur et de rêve, caressé par des gestes légers mais sûrs.
· Maisa Zowam érige des formes élancées dans des univers silencieux, presque sacrés.
· Sally Zanaty chante la vie à travers des compositions solaires et généreuses.
· Samar Zeidan joue de l’équilibre subtil entre vigueur plastique et délicatesse expressive.
· Samar Abouzeid puise dans l’âme égyptienne, réinvente les motifs du patrimoine avec une fraîcheur contemporaine.
· Heidi Mohamed, enfin, bouscule. Son trait frondeur, ses couleurs jubilatoires insufflent à ses œuvres une énergie espiègle et magnifiquement libre.
« J’ai essayé d’être avec elles, dans le même climat d’émotion et d’invention, à la recherche de nouvelles formes d’expression, » confie encore le Dr El-Gendy. « Que ce refuge d’art et d’amour qu’est l’exposition vous touche, qu’il vous communique un peu de cette harmonie sincère qui nous unit dans cette route vers la création. »
« Sur la route 2 » est plus qu’une exposition. C’est un manifeste discret, tendre et affirmé, en faveur de l’art comme chemin de vie. Ici, l’on ne prétend pas avoir atteint le sommet, mais l’on célèbre chaque pas, chaque détour, chaque hésitation comme une preuve que l’on avance encore — ensemble, et en beauté.