Par : Walaa El Assrah

Dans un voyage exceptionnel, mêlant la magie du chant et la créativité du pinceau, le grandissime plasticien Taha El-Korany nous ouvre les portes de son nouvel univers pictural avec son exposition « Al-Sitt » ou « La Dame », consacrée à l’icône du chant arabe Oum Kalthoum. Dans cette exposition, l’artiste transforme la voix de l’icône en langage plastique, mêlant héritage populaire, émotion nationale et exploration visuelle audacieuse. L’événement est accueilli par la galerie Azad à Zamalek et se poursuit jusqu’au 5 octobre prochain.
Dans une rencontre unique entre musique et peinture, l’artiste égyptien Taha El-Korany dédie son exposition « Al-Sitt » à l’inoubliable Oum Kalthoum. À travers des toiles symboliques et vibrantes,
Cette exposition coïncide avec l’annonce du ministère de la Culture déclarant l’année en cours « Année d’Oum Kalthoum », à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition. L’artiste y présente une série de toiles à l’huile, élaborées selon une perspective dite « vue d’oiseau » – ou, comme il la nomme, « au-dessus de la tête ». Plus qu’un simple rappel de l’image d’Oum Kalthoum telle que nous la connaissons, Taha El-Korany traduit sa musique, ses paroles, ainsi que son héritage émotionnel et national, en une langue faite de couleurs et de compositions visuelles.
Ainsi, la peinture se libère de sa forme traditionnelle et devient un dialogue plastique, où se rencontrent la vision créative de l’artiste et l’histoire culturelle. L’exposition dépasse les frontières de l’art visuel pour recréer une fusion entre les arts : le chant et la peinture, la voix et la couleur, le passé et le présent.

L’artiste adopte une approche expressionniste symbolique, comme dans cette toile où « Al-Sitt » apparaît dans une robe rouge ornée de motifs, véritable centre d’attraction du regard. Autour d’elle se disposent les musiciens de son orchestre avec leurs instruments, formant une composition circulaire.
Dans une autre œuvre, le public des spectateurs s’amasse d’un côté ; la multitude des visa ou et la variation de leurs dimensions créent un rythme visuel proche de la musicalité, le tout sur un fond orné de paroles de ses chansons célèbres, renforçant ainsi la richesse de l’ensemble. Les traits des visages, simples et similaires, expriment harmonie et unité collective.
Sur le plan chromatique, le bleuet le doré dominent la toile, mais la présence du rouge de la robe vient équilibrer la composition. L’arrière-plan, teinté de brun et de gris, évoque l’ancienneté et l’authenticité, renforçant la dimension patrimoniale de l’œuvre.
Dans une autre peinture, Oum Kalthoum se tient au centre, entourée de ses musiciens, tandis que les membres du chœur se placent sur le côté. Les formes géométriques et ornementales en arrière-plan relient la scène à l’identité égyptienne et au patrimoine arabe. Le mélange entre couleurs chaudes et froides apporte un équilibre, et le contraste entre le blanc du fond et les zones lumineuses, représentées par les visages, crée une impression d’éclairage théâtral. Dans son ensemble, l’exposition apparaît comme un voyage visuel et une expérience spirituelle complète.

À propos de son exposition, Taha El-Korany déclare :
« Oum Kalthoum a façonné la conscience du peuple arabe par sa voix suave et son émotion débordante, tout au long de ces années, jusqu’à devenir un véritable repère culturel. Mon interaction avec elle s’est traduite par un recours à la perspective de l’œil d’oiseau, afin de trouver de nouvelles solutions plastiques permettant de présenter l’œuvre visuelle sous tous ses angles, brisant ainsi le cadre traditionnel de la toile. La construction, le lien avec l’héritage populaire et la volonté de fusionner l’art visuel avec les autres formes d’art, comme la musique et la poésie, constituent des aspirations essentielles. Cette exposition reflète une vision personnelle que j’ai aimée et que j’espère inscrire comme une part authentique de la grande narration artistique et patriotique de “La Dame”. » A ajouté notre artiste