Sur TikTok, une tendance estivale gagne du terrain : les “sun tattoos”, ces motifs créés par des coups de soleil ou des lignes de bronzage volontairement dessinées sur la peau. Si le résultat visuel attire l’œil, les dermatologues tirent la sonnette d’alarme : cette pratique est loin d’être anodine. Derrière l’apparence ludique se cache un réel danger pour la santé cutanée.
Par Marwa Mourad
Si les “Sun Tattoos” séduisent par leur originalité, ils posent une question de fond : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour plaire ou créer du contenu ? En matière de santé, la tendance ne doit jamais primer sur la prévention. Ce que la peau encaisse aujourd’hui, elle le paiera peut-être demain.
Une tendance virale, entre créativité et imprudence
Sur la plage, sur les balcons ou dans les jardins, de nombreux jeunes se prêtent au jeu du « Sun Tattoo ». Le principe : placer des pochoirs, des autocollants, des objets ou même des bandes adhésives sur la peau avant de s’exposer longuement au soleil. Résultat : une forme blanche se détache nettement sur une peau bronzée ou… brûlée.
Ces vidéos affichant fièrement des motifs d’étoiles, de papillons ou de logos sont devenues virales, accumulant des millions de vues. Les hashtags #SunTattoo, #TanLines ou #BurnArt cartonnent sur TikTok, renforçant l’idée que cette pratique est à la fois fun, artistique et tendance.
Une exposition volontaire aux coups de soleil
Ce que les vidéos ne montrent pas, ce sont les risques immédiats et à long terme. Pour obtenir un contraste marqué, les utilisateurs s’exposent parfois sans crème solaire, voire pendant de longues heures, au moment où les rayons UV sont les plus intenses. Résultat : des coups de soleil parfois sévères, synonymes de lésions cutanées.
« On voit de plus en plus de jeunes arriver avec des brûlures intentionnelles », explique le Dr Émilie Laurent, dermatologue à Paris. « Ils veulent créer un dessin temporaire, mais ils oublient que chaque coup de soleil augmente le risque de cancer de la peau. »
Un risque accru de mélanome
Les spécialistes rappellent que les coups de soleil ne sont pas anodins. Selon l’OMS, cinq coups de soleil sévères avant l’âge de 20 ans augmentent considérablement le risque de développer un mélanome, la forme la plus grave de cancer de la peau.
Le bronzage, qu’il soit naturel ou artificiel, n’est pas synonyme de bonne santé : c’est en réalité un signe de stress de la peau, qui tente de se défendre contre les agressions des UV.
« Le concept de ‘sunburn art’ banalise un comportement dangereux », s’indigne le Dr Laurent. « On glorifie un dommage cutané visible, alors qu’on ne voit pas ce qui se passe en profondeur. »
Une responsabilité partagée : Plateformes et créateurs
Face à cette vague virale, les professionnels de santé demandent aux plateformes de prendre leurs responsabilités. Des contenus prônant des pratiques dangereuses devraient être signalés ou accompagnés d’avertissements clairs, comme c’est déjà le cas pour les défis alimentaires ou les comportements extrêmes.
Certaines vidéos sont déjà signalées ou supprimées par TikTok, mais la vitalité du phénomène complique la modération. De leur côté, les créateurs de contenu ont aussi un rôle à jouer : celui d’informer et de sensibiliser, plutôt que de suivre une mode potentiellement nocive.
Cadre
Comment se protéger sans renoncer au soleil ?
Il est tout à fait possible de profiter du soleil sans mettre sa peau en danger. Les dermatologues rappellent les gestes essentiels :
* Appliquer une crème solaire à large spectre SPF 30 minimum, renouvelée toutes les deux heures.
* Éviter l’exposition entre 12h et 16h, moment où les UV sont les plus intenses.
* Porter des vêtements légers, un chapeau et des lunettes de soleil.
* Préférer les effets esthétiques temporaires sans UV (autobronzants, tatouages éphémères non nocifs).
Enfin, il est important d’éduquer les plus jeunes à une relation saine avec leur corps et leur image. La mode peut être créative, mais elle ne doit pas se faire au détriment de la santé.