
Notre vie n’est-elle pas faite pour être privée ? N’a-t-on pas le droit de savourer des moments de quiétude et de paix à l’abri de tout le monde et loin de tous ? Des questions qui nous taraudent à l’ère de la technologie de pointe : l’être humain est un être sociable, mais savoure son indépendance et sa solitude à bien des occasions. A l’ère de la technologie numérique, il n’en est plus question. Nous sommes du matin au soir épiés et surveillés : Facebook, Instagram, Whastapp, Snapchat, Twitter sont aussi bien des outils de communication que des caméras qui permettent de suivre nos moindres humeurs, nos changements de comportement, de vie, de goûts. Tout est malheureusement enregistré, analysé et bien évidemment redirigé vers ou contre vous !
Aujourd’hui, notamment après le coronavirus, la planète entière se met au numérique. Tout le monde, communiquant à distance, a recours à ses techniques inoffensives pour la santé. Mais, même avant, la planète entière s’était tournée vers les objets connectés, les portables intelligents, les applications modernes. Au début, certains pensaient que cela allait résoudre enfin les difficultés de communication, les appels sans réponse, les messages sans destinataire ! Nul n’a toutefois pensé aux effets nocifs de ces techniques ultramodernes. Nul n’a cherché à connaître jusqu’à quel degré ces objets dits intelligents et connectés vont causer une forme de servitude au portable. A peine sonne-t-il qu’il commence à contrôler notre vie, notre routine, et nos réactions. Intrusif, il ne prend pas en considération notre vie privée qu’il interrompt sauvagement à tout moment. Entre un coup de fil et l’autre, nous le guettons inquiets de perdre notre liberté, notre indépendance.
Si dans le passé, après les heures de travail, les gens se sentaient à l’abri des préoccupations de leurs besognes, ce n’est plus le cas. Le portable vous rend joignable vingt-quatre sur vingt-quatre ! Vous êtes alors forcés de répondre : votre interlocuteur se permet alors de rompre le silence autour de vous, de pénétrer dans votre univers, d’épier les sons et les voix autour de vous pour connaitre vos activités, etc…
Alors, tout se transforme en un monde où l’on cherche à vous contrôler, à vous manipuler. Mais, vous êtes libres, donc joignables, donc capables de répondre. Alors, faites le travail ! Avec la pandémie de coronavirus, le télétravail est devenu la nouvelle règle du jeu. Au début, les entreprises ont résisté, et les employeurs craignaient de ne pas pouvoir resserrer l’étau autour du cou de leurs employés comme d’habitude. Petit à petit, ils ont pris goût au système et ont su le détourner à leurs avantages, sapant les droits des employés. Ainsi, les gardent-ils connectés à leurs portables, ordinateurs, réseaux sociaux ou boîte Mail nuit et jour ! Une nouvelle forme d’esclavage qui va droit dans les poches des propriétaires des entreprises qui s’enrichissent. Ils se permettent de voir depuis combien de minutes vous êtes connectés ou déconnectés etc… Ils vous épient et rédigent des rapports contre vous !
Même votre page Facebook et vos publications sur les réseaux sociaux peuvent être exploités contre vous soit par vos collègues, soit par vos supérieurs hiérarchiques. Face à tout cela, la majorité des personnes recourent à une communication de façade irréelle, juste des mots sucrés pour éviter les problèmes. Alors, la communication est vidée de son véritable sens, aucun sens réel, aucune valeur réelle. Juste des échanges virtuels au su et au vu de tout le monde.
Encore pire : les membres de la famille ou les amis inactifs sur Facebook. Au fil du temps, nous les oublions. Leur présence n’était pas visible à travers des likes, les partages ou les commentaires, mais ils sont bel et bien en train de scruter vos moindres actes et gestes en silence : n’est-ce pas une forme de perte d’autonomie ?
Aujourd’hui, d’ailleurs, exposer votre vie privée est devenu une forme de marketing commercial. C’est ce que les bloggeurs font ! Leur habillement, leur maquillage, leur gastronomie, leur voyage, tout est exposé au su et au vu du monde entier ! Vie privée se mêle à vie publique et de plus en plus, les personnes perdent leur espace personnel. D’ailleurs, ces bloggeurs ou youtubeurs vont même jusqu’à exposer la vie de leurs parents, de leurs enfants, sans se soucier de leurs droits à vivre, à grandir ou à vieillir loin des yeux des curieux. Une industrie qui a d’ailleurs commencé même avant le progrès gigantesque des réseaux sociaux, avec les programmes ou les shows américains de « real-life » qui retransmettent quelques bribes de la soi-disant vie des individus ordinaires, faisant d’eux des stars, ouvrant leur univers personnel à la planète entière, laissant les caméras se promener entre les pièces de leurs maisons, captant leurs misères, leurs peines, leurs joies, etc…
Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui grâce à cette technologie de pointe et des réseaux sociaux, vos données personnelles, vos goûts, vos centres d’intérêt sont devenus une source d’inspiration pour d’innombrables entreprises. Combien de fois avez-vous dit à une amie que vous souhaitez acheter un article en particulier avant que votre page Facebook ne fasse défier à longueur de journées des publicités jusqu’à ce que vous fassiez une commande ? Un matraquage publicitaire qui a d’abord profité de vos données personnelles, de l’analyse de vos habitudes de consommation, des pages likées ou non likées ?
Bref, à l’ère de la technologie de pointe, du numérique, de l’Internet, chacun d’entre nous est sous contrôle, chacun d’entre nous ressemble à un oiseau dans une cage. Quoique nous fassions nous restons dans la cage qui limite notre espace, nos rêves et nos aspirations et qui nous garde captifs de l’autre. N’est-ce pas le rôle de ces outils dits communicatifs alors qu’ils sont intrusifs ?