Pendant quatre jours, le monde islamique commémore le sacrifice d’Abraham, qui avait accepté d’égorger son fils unique, Ismaïl, à la demande de Dieu, avant que ce dernier ne lui substitue un mouton. La fête de l’Aïd Al-Adha (Grand Baïram) symbolise la soumission à Dieu pour les musulmans, et est surtout un moment consacré aux dons et au partage.
Responsable du dossier : Névine Ahmed
Rédigé par : Marwa Mourad, Soha Gaafar, Hanaa Khachaba et Nermine Khattab
Le Hajj, un voyage spirituel qui purifie l’âme
Chaque année, des millions de croyants du monde entier se rendent à La Mecque. La période du pèlerinage est celle de l’unité et de l’égalité, où les musulmans du monde entier se réunissent. Ils portent tous les mêmes vêtements, l’Ihram, indépendamment de leur origine. Cette expérience partagée crée un lien fort entre les pèlerins et souligne l’unité spirituelle de la communauté musulmane.
Ils se rendent à La Mecque, en Arabie saoudite, pour entreprendre ce rite sacré, suivant un rituel prescrit qui est resté inchangé pendant des siècles.
Le Hajj n’est pas seulement un voyage physique, mais aussi spirituel. Il offre aux croyants la possibilité de se purifier des péchés et de renforcer leur lien avec Allah.
Qu’est-ce que le Hajj?
Le Hajj est un pèlerinage islamique annuel qui s’accomplit à la ville sainte de La Mecque, en Arabie saoudite. Il a lieu dans le dernier mois du calendrier lunaire islamique, Dhu al-Hijjah. Ce voyage est l’un des cinq piliers de l’islam, et chaque musulman doit l’entreprendre au moins une fois dans sa vie.
Le pèlerinage est une occasion pour les musulmans de se faire pardonner leurs péchés passés par Dieu. C’est un moment de réflexion, de prière et de dévotion.
L’importance du Hajj
Le Hajj est également une preuve de l’unité des musulmans. Il réunit des croyants du monde entier, qui mettent de côté leurs différences et se concentrent sur leur foi commune.
Le pèlerinage est aussi un moment de renouvellement et de purification. En participant aux rituels, les croyants ont la possibilité de renouveler leur engagement envers Allah.
Le Hajj est l’un des cinq piliers de l’islam. Ces piliers sont des devoirs religieux fondamentaux que chaque musulman devrait pratiquer. Ils forment la base de la foi et de la vie islamiques.
Le pèlerinage est le dernier de ces piliers et symbolise l’abandon total à Allah. Il représente un nettoyage physique et spirituel pour les croyants, leur offrant l’opportunité de purifier leurs péchés.
Le pèlerinage n’est exigé que pour ceux qui sont physiquement et financièrement capables. Cela reflète la miséricorde et la logique de l’islam dans ses exigences religieuses.
Les rituels du pèlerinage
Les rituels du Hajj commencent par l’entrée dans l’état d’Ihram tout en respectant les règles de comportement spécifiques.
Les pèlerins effectuent ensuite le Tawaf qui consiste à faire sept tours autour de la Kaaba. Cela symbolise l’unité et l’égalité de tous les musulmans.
Le jour d’Arafat, les pèlerins se rassemblent sur le mont Arafat pour prier et demander pardon, ce qui est considéré comme le point culminant du pèlerinage.
Dimension spirituelle et sociale
Le Hajj est un moment de purification intérieure. Les pèlerins aspirent en accomplissant le pèlerinage au pardon pour leurs péchés et cherchent à renforcer leur relation avec Allah.
En même temps, le hajj possède également une forte dimension sociale. Il réunit des musulmans du monde entier, indépendamment de leur origine, de leur statut ou de leur culture. Cela favorise un sentiment d’unité et de solidarité parmi les croyants.
Dans l’ensemble, le pèlerinage est une expérience transformative.
Rois de la fête, les bouchers imposent leurs règles du jeu !
C’est le moment où les couteaux émoussés deviennent tranchants. Des semaines avant l’avènement de l’Aïd Al-Adha, les bouchers sont aux petits soins pour leurs équipements. Les coutelas accrochés au mur sont appelés à l’aiguisage. Les billots en bois passent à un lavage minutieux pour être prêts à l’utilisation intensive pendant la période de la fête du mouton.
Les bouchers, maîtres de cette fête, s’y préparent des mois à l’avance. Tout le matériel sort des tiroirs pour cette occasion festives annuelle, où les moutons et les veaux font le défilé dans certaines rues des villages surtout, avant l’immolation.
Une tradition qui est répandue dans pas mal de provinces égyptiennes : une parade du bétail arpente les rues pour que les fidèles aient la chance d’observer l’animal dans toute sa parure avant de l’acheter. « Bismallah Allahu Akbar », lance le boucher avant d’égorger la bête. Comme il s’agit d’un rituel religieux, le sacrifice doit répondre à un ensemble de règles dictées par les enseignements divins, dont la plus importante est l’utilisation d’un couteau bien aiguisé pour ne pas faire souffrir l’animal. Autre règle aussi importante, est celle d’éloigner les animaux qui attendent leur tour à l’abattoir. Cela est dans l’objectif de ne pas les effrayer en assistant à l’égorgement de leur confrère.
Pour mieux s’intégrer dans l’ère des communications, les bouchers ont décidé de travailler « à la demande ». Grâce au téléphone, vous pouvez réserver un boucher par le biais du service de « boucher sur demande » pour vous épargner la tâche ardue d’abattre le mouton de l’Aïd. Ainsi, le boucher est réservé un ou deux mois avant l’Aïd, ajoutant le nom et l’adresse du client à son agenda personnel, et se présente à l’heure convenue. Cela permet d’éviter de devoir s’entendre avec les boucheries ou d’attendre les bouchers qui passent par hasard dans les rues le jour de l’Aïd en criant « Un boucher à votre service ».
Il est étrange que la plupart des bouchers « sur demande » ne possèdent pas de boucheries ; en fait, beaucoup sont des amateurs ou des employés de boucheries qui effectuent ce travail pendant leurs vacances de l’Aïd. Certains le font sans contrepartie, cherchant la satisfaction divine, tandis que d’autres reçoivent une compensation financière ou en nature comme les peaux et les fourrures des animaux abattus.
La saison de l’Aïd est extrêmement chargée, au point qu’un boucher est appelé parfois à abattre du matin jusqu’à soir pour honorer ses engagements envers ses clients. Les réservations commencent deux mois avant l’Aïd. Le boucher commence à abattre les animaux destinés à la charité dès ce moment, c’est-à-dire les moutons et les veaux dont les propriétaires souhaitent faire don de la viande. Quant aux sacrifices de l’Aïd, il les abat après la prière de l’Aïd.
Lors de l’abattage du sacrifice, le boucher procède en faisant coucher l’animal sur son côté droit avant de l’égorger. Il ne lui donne pas de nourriture 24 heures avant l’abattage, mais par contre lui donne beaucoup d’eau, et le traite avec douceur et non avec force pendant l’égorgement pour éviter qu’il ne s’étouffe. Le couteau utilisé doit être très tranchant, sinon cela affectera la qualité de la viande. Plus le couteau est moins tranchant, plus l’animal souffre et plus la cuisson de sa viande prend du temps.
Du sacrifice à la confection : Le cuir connaît un second souffle
De nombreuses industries prospèrent au fil des saisons, notamment l’industrie du cuir pendant l’Aïd Al-Adha. Les peaux de bœuf, de mouton et de chèvre sont utilisées dans la fabrication de tapis et de décorations pour la maison, et les citoyens affluents pour les acheter pendant cette période en raison de leur haute qualité.
Une fois la prière de l’Aïd Al-Adha terminée et les animaux sacrificiels commencés à être abattus en Egypte, de nombreuses personnes se précipitent pour les récupérer afin de les vendre aux tanneries, dont les affaires sont en plein essor à cette période de l’année.
Les peaux d’animaux sacrificiels représentent une compétition pour bénéficier des bénéfices de leur vente aux tanneries.
Bien que les peaux soient généralement collectées par l’intermédiaire des commerçants associés à des abattoirs agréés, cette méthode diffère pendant la saison de l’Aïd Al-Adha.
La plupart des Égyptiens abattent leurs animaux à la maison, ce qui a donné naissance à des commerçants saisonniers qui collectent des peaux d’animaux.
Les peaux d’animaux sacrificiels ont une grande importance économique, en particulier les peaux de veaux et de buffles, pour leur utilisation dans de nombreux produits plus précisément dans le cuir sur les marchés, que ce soit sous forme de vêtements, de chaussures ou de sacs.
Mohamed Youssef, propriétaire d’un atelier de cuir, dit que l’industrie est l’une des anciennes et plus importantes industries que les citoyens qui aiment les industries simples et les antiquités apprécient, car elles ont un goût particulier que les citoyens préfèrent toujours.
Il a ajouté que l’industrie prospère pendant l’Aïd Al-Adha en raison de l’abondance de peaux que les tanneries sèchent et ajoutent des matériaux pour éliminer toutes les odeurs désagréables à utiliser à la maison.
Il a souligné que des ateliers de maroquinerie existent toujours car c’est un métier transmis de père en fils.
L’Egypte exporte 80 pour cent de la production totale du secteur du tannage, soit environ 1,5 milliard de livres (84,2 millions de dollars), vers la plupart des pays qui fabriquent des produits en cuir, comme l’Italie, l’Espagne, la Turquie et la Chine. Les 20 pour cent restants sont consommés localement.
Les peaux d’animaux sacrificiels représentent environ 15 pour cent de la production annuelle totale de l’Egypte, qui s’élève à 7 millions de pièces, selon la Chambre des industries du cuir de la Fédération des industries égyptiennes (indépendante).
L’Egypte a commencé à délocaliser ses usines de tannage du cuir de la zone de Deifa dans le Vieux Caire (Sur Magra El Oyoun), qui couvre une superficie d’environ 70 acres (environ 300 000 mètres carrés), vers la zone de Rubiki (nord-est), couvrant une superficie de 1 629 acres (environ 6 850 000 mètres carrés), à partir du début 2018.
Le ministère du Commerce et de l’Industrie vise à augmenter les exportations de cuir à plus d’un milliard de dollars par an d’ici 2020, contre 200 millions de dollars par an actuellement.
Les traditions perdurent, se perdent ou se transforment ?!
Libye : Le mouton paré comme un roi !
En Libye, le rituel du sacrifice de l’Aïd Al-Adha commence bien avant l’abattage. Les femmes au foyer maquillent les yeux du mouton avec du khôl noir, tandis que l’encens et le feu sont allumés, enveloppant l’animal d’une ambiance solennelle. Les invocations s’élèvent ensuite dans les foyers.
Selon une croyance locale, le mouton portant le nom de son propriétaire, le guidera vers le paradis le Jour du Jugement dernier. L’animal doit donc être fort, sans défaut, digne d’être offert à Dieu.
Algérie : Des béliers en duel
En Algérie, l’Aïd Al-Adha s’accompagne d’une tradition bien vivante : les combats de béliers. Organisées en pleine rue devant des spectateurs enthousiastes, ces joutes opposent des animaux robustes dans un affrontement codifié. Le bélier victorieux est celui qui pousse son adversaire à se retirer.
Héritée de coutumes anciennes, cette pratique populaire reste un moment fort des célébrations, mêlant compétition, fierté et héritage culturel.
Yémen : Hammams, chasse et traditions familiales
A la veille de l’Aïd Al-Adha, les hommes et les garçons yéménites se rendent ensemble aux hammams traditionnels (Bains populaires), laissant les femmes à la maison pour les derniers préparatifs. En parallèle, les foyers s’affairent à rénover et repeindre les maisons pour accueillir la fête dans un cadre propre et soigné. Le jour de l’Aïd, après la prière, les familles rendent visite à leurs proches avant que certains pères ne partent chasser avec leurs fils, utilisant de véritables armes à feu- un rite d’apprentissage ancré dans la culture locale.
Maroc et Jordanie : Entre marketing moderne et douce tradition
A l’approche de l’Aïd Al-Adha, les rues marocaines se parent d’affiches publicitaires mettant en scène des béliers robustes pour attirer les acheteurs. Certaines offres incluent même des cadeaux surprenants, comme une moto offerte avec le mouton, mêlant tradition et stratégie commerciale.
En Jordanie, l’ambiance est plus familiale et gourmande. La veille de l’Aïd, les foyers s’activent à la préparation du traditionnel “ka’ak al-Aïd” (gâteau de l’Aïd). Réunis autour de la table, les membres de la famille savourent ces douceurs maison en récitant des invocations, entre joie partagée et ferveur religieuse.
Turquie : Bientôt, c’est “Kurban Bayrami”
“Kurban Bayramı” signifie “la fête du sacrifice” dans la langue turque. Le jour de cette fête religieuse est fériée et représente un grand moment dans les traditions turques. Concernant la tradition qui consiste à immoler des moutons ou d’autres bétails, à Istanbul et d’autres villes turques, des tentes sont montées afin de procéder à ces sacrifices, même si certaines familles préfèrent parfois l’intimité de leur jardin ou de leur maison. Selon le site “Le Petit Journal”, pendant le Baïram, les membres des familles et leurs amis se rendent visite. Tout le monde s’habille et s’apprête. Les repas sont partagés avec la famille, et les mets échangés entre proches. Les enfants, ou les plus jeunes, ont coutume d’embrasser le dos des mains des personnes âgées, puis d’y poser leurs fronts. En échange, ils reçoivent des cadeaux ou un peu d’argent.
Chine : Une course équestre au mouton
Parmi les traditions les plus singulières de l’Aïd Al-Adha en Chine, chez certaines communautés musulmanes, se distingue un jeu ancestral : la course au mouton. Dès le premier jour de la fête, les cavaliers s’élancent à toute allure, un objectif en tête : attraper un mouton posé à terre, sans jamais tomber de leur monture. La scène est impressionnante, mêlant agilité, vitesse et adresse. Celui qui parvient à répéter l’exploit en un temps record est déclaré vainqueur. Plus qu’un jeu, ce rituel reflète l’héritage nomade et la passion du cheval propre à ces régions.
Pakistan : Un mois de préparation et une sobriété festive
Au Pakistan, l’Aïd Al-Adha se prépare bien en amont. Tout un mois avant la fête, les familles commencent à décorer et à teindre leurs bêtes qui seront sacrifiées, transformant les rues en véritables foires colorées. Fait marquant : contrairement à d’autres pays musulmans, les sucreries sont absentes des tables pakistanaises pendant l’Aïd, laissant place à une atmosphère sobre, axée sur le sacrifice, le partage et la prière.