C’est un panier de crabes”, “Elle fait sa diva”, “Elle a les dents qui rayent le parquet”, “Elle dirige comme un homme”, voilà un bref florilège de tous les jugements proférés par les femmes envers d’autres femmes, notamment en entreprise.
Il paraît qu’en milieu professionnel, les femmes n’ont aucune pitié entre elles. Mais si on cassait les idées reçues, mettait fin au syndrome de l’imposteur et grimpait les échelons toutes ensemble ?
Habituées à être mises en compétition, les femmes peuvent avoir du mal à s’imaginer travailler dans des environnements essentiellement féminins. Et pourtant, il semblerait que ceux-ci pourraient être plus propices à l’épanouissement. Alors, comment mettre les idées reçus de côté pour se tirer toutes vers le haut ?
Il paraît qu’en milieu professionnel, les femmes n’ont aucune pitié entre elles. Et parfois, nous attisons nous-mêmes ces croyances en assurant que : « C’est beaucoup plus simple de bosser avec des hommes ! » On imagine déjà le tableau : crêpage de chignon, coups bas et autres commérages. Dans son livre Rivales, il n’y a rien de pire que les femmes entre elles, Marie-Aldine Girard, journaliste, dissèque notre façon de penser, qui est influencée par le système patriarcal. « Les femmes que j’ai interviewées sont unanimes : la première réaction est de considérer l’autre comme une rivale. Quand une nouvelle entre dans la pièce, on la regarde de haut en bas, on la juge et on la perçoit comme une menace… Il est important d’écouter ce sentiment, de le comprendre et de focaliser notre attention sur notre réaction et non sur l’autre. »
Effectivement, cette jalousie en dit long sur la façon dont nous nous sommes construites, mais surtout sur le monde dans lequel nous avons été éduquées. L’autrice explique : « Les hommes sont mis en compétition. Les femmes sont mises en rivalité. La différence ? Les hommes sont certains de leurs compétences et se disent “que le meilleur gagne”. Les femmes, elles, sont victimes du syndrome de l’imposteur. Elles n’imaginent pas gagner mais perdre leur place. » Nous ne sommes pas nées pestes, nous ne sommes pas naturellement mauvaises les unes avec les autres, mais nous sommes réalistes : alors que nous représentons la moitié de la population mondiale, nous sommes qualifiées de « minorité » et nous avons intégré qu’il n’y avait pas assez de place pour nous toutes. Ainsi, nous participons aux chaises musicales et nous nous bousculons pour décrocher un poste à pourvoir. On ferait mieux de redéfinir les règles du jeu.
Malheureusement, pas de fumée sans feu. Les femmes ont en effet tendance à entretenir une rivalité malsaine entre elles, non seulement sur le plan professionnel, mais aussi de façon générale. Là où les hommes sont en compétition, les femmes se voient comme des rivales.
Quand les femmes partagent entre elles leurs expériences de vie, la rivalité tombe. Observer que leurs paires vivent les mêmes épreuves, les mêmes inquiétudes et les mêmes aspirations leur permettent de réintroduire indulgence et empathie au cœur des relations qu’elles nouent entre elles.
La culpabilité qu’éprouve la majorité des femmes, à cause des multiples concessions qu’elles sont amenées à faire pour concilier leurs envies de carrière avec leurs devoirs supposés d’épouse, de mère ou encore plus largement de pilier au sein d’une famille, est d’autant plus pesante qu’elle est généralement tue, voire inconsciente.
Dès que les femmes dépassent cette croyance inconsciente que chaque femme se trouvant sur leur territoire est une menace pour leur propre carrière, une réelle sororité émerge et inverse la tendance. Qui de mieux placé qu’une femme pour comprendre ce que vit une autre ? Une relation authentique et apaisée avec ses collègues instaure une collaboration nouvelle, constructive et porteuse. L’entraide et les réseaux de femmes qui naissent de cette sororité jouent alors un rôle prépondérant pour percer le plafond de verre encore trop présent dans bien des secteurs. Les femmes deviennent alors entre elles, leurs meilleurs soutiens et leurs plus fidèles alliés. Une belle démonstration de la possibilité de changer radicalement le « fonctionnement par défaut » d’un groupe social !